1973

Chili : un massacre et un avertissement
Brochure LO parue le 30 septembre 1973

chili

Chili : un massacre et un avertissement


Le mardi 11 septembre 1973, la īŋŊ junte īŋŊ formīŋŊe par les gīŋŊnīŋŊraux commandant les diffīŋŊrentes armes de līŋŊarmīŋŊe chilienne a brutalement mis fin īŋŊ līŋŊexistence du gouvernement Allende, de ce gouvernement qui depuis sa constitution, en octobre 1970, prīŋŊtendait assurer la tīŋŊche du passage pacifique du Chili au socialisme. Et īŋŊ la tīŋŊte de la junte militaire, il y avait le gīŋŊnīŋŊral Augusto Pinochet, līŋŊun de ces gīŋŊnīŋŊraux que les dirigeants de līŋŊUnitīŋŊ Populaire avaient prīŋŊsentīŋŊs aux travailleurs comme des militaires loyaux, comme les meilleurs garants de la līŋŊgalitīŋŊ.

Le putsch a īŋŊtīŋŊ dīŋŊune rare violence. Les blindīŋŊs et līŋŊaviation dīŋŊassaut sont intervenus massivement dīŋŊs le dīŋŊbut, et les images de Santiago qui nous sont parvenues depuis sont celles dīŋŊune ville frappīŋŊe par la guerre. Nul ne peut encore, dīŋŊici, faire le bilan exact du drame, dire combien de milliers de travailleurs, de petites gens, sont dīŋŊjīŋŊ tombīŋŊs sous les coups des bourreaux. Mais līŋŊon sait que depuis le coup dīŋŊīŋŊtat, la chasse īŋŊ tout ce qui īŋŊtait de gauche est ouverte au Chili, que līŋŊon fusille et que līŋŊon dīŋŊporte īŋŊ tour de bras, que des milliers de prisonniers sīŋŊentassent dans les stades de Santiago ou dans les cales des navires de guerre, īŋŊ Valparaiso. Et les premiīŋŊres mesures politiques prises par la junte : interdiction de tous les partis politiques de gauche, dissolution des syndicats ouvriers, ne laissent aucun doute sur la portīŋŊe de ce qui est en train de sīŋŊaccomplir līŋŊ-bas.

Pour les militaires chiliens, il ne sīŋŊagit pas seulement de remplacer le gouvernement Allende par un gouvernement plus īŋŊ droite. Il sīŋŊagit de pratiquer la saignīŋŊe īŋŊ laquelle rīŋŊvent tous les gīŋŊnīŋŊraux rīŋŊactionnaires. Il sīŋŊagit dīŋŊessayer dīŋŊassassiner toute une gīŋŊnīŋŊration de militants ouvriers et socialistes, de frapper de terreur la classe ouvriīŋŊre et la population pauvre tout entiīŋŊre, et de tenter dīŋŊanīŋŊantir tout espoir mīŋŊme en une autre sociīŋŊtīŋŊ.

Le sort tragique du prolīŋŊtariat chilien, les travailleurs du monde entier doivent en tirer les leīŋŊons. Certains - ceux līŋŊ mīŋŊmes, surtout, qui dīŋŊfendent en France la mīŋŊme politique quīŋŊAllende et līŋŊUnitīŋŊ Populaire dīŋŊfendaient au Chili - disent que ce nīŋŊest pas le moment, que sur les tombes īŋŊ peine recouvertes des martyrs de Santiago, il convient seulement de se recueillir. Mais les leīŋŊons que nous devons tirer des īŋŊvīŋŊnements chiliens, les travailleurs de līŋŊ-bas les ont payīŋŊes trop cher pour que nous ayons le droit de les mīŋŊpriser. Toute une gīŋŊnīŋŊration de militants massacrīŋŊe, et il ne faudrait pas essayer de savoir comment cela fut possible, comment īŋŊviter que cela ne se reproduise ailleurs, dans līŋŊavenir ?

CīŋŊest au contraire aujourdīŋŊhui le devoir de tous les travailleurs conscients de se poser ces questions. Et il nīŋŊy a quīŋŊen tirant les leīŋŊons de ce drame que les travailleurs du monde entier pourront un jour rīŋŊaliser ce qui īŋŊtait līŋŊespoir de leurs frīŋŊres chiliens, līŋŊavīŋŊnement dīŋŊune sociīŋŊtīŋŊ socialiste, et venger du mīŋŊme coup toutes les victimes de la barbarie capitaliste, venger la classe ouvriīŋŊre chilienne assassinīŋŊe.

Pourquoi līŋŊarmīŋŊe a-t-elle pris le pouvoir et a-t-elle massacrīŋŊ la gauche ?

DīŋŊabord parce quīŋŊelle en a eu la possibilitīŋŊ. La crise īŋŊconomique, qui existait certes bien avant līŋŊarrivīŋŊe de līŋŊUnitīŋŊ Populaire au pouvoir, mais qui nīŋŊavait cessīŋŊ de sīŋŊapprofondir depuis 1970, le mīŋŊcontentement croissant de la petite bourgeoisie urbaine, le dīŋŊsenchantement sans doute aussi dīŋŊun certain nombre de travailleurs dīŋŊīŋŊus par līŋŊUnitīŋŊ Populaire, et qui ne voyaient pas pourquoi ils auraient dīŋŊfendu Allende, tout cela constituait une situation politique qui a donnīŋŊ īŋŊ līŋŊarmīŋŊe et īŋŊ līŋŊextrīŋŊme droite līŋŊoccasion de sīŋŊimposer au pouvoir, et dīŋŊimposer leur politique īŋŊ la bourgeoisie chilienne qui, jusque līŋŊ, faisait confiance īŋŊ Allende par līŋŊintermīŋŊdiaire des hommes politiques des partis bourgeois de droite.

Ces circonstances favorables permettaient aussi īŋŊ līŋŊextrīŋŊme droite de dīŋŊbarrasser la bourgeoisie chilienne, pour des annīŋŊes, de toute opposition ouvriīŋŊre en īŋŊliminant physiquement tout ce que la classe ouvriīŋŊre comptait de militants.

Pour līŋŊarmīŋŊe, qui ne reprīŋŊsentait dans le pays quīŋŊune force numīŋŊriquement trīŋŊs minoritaire, ce massacre īŋŊtait dīŋŊailleurs une nīŋŊcessitīŋŊ politique. Elle ne pouvait se contenter de dīŋŊposer Allende et de le remplacer īŋŊ la tīŋŊte de līŋŊīŋŊtat, gestes auxquels se rīŋŊsument parfois, dans dīŋŊautres circonstances, certains coups dīŋŊīŋŊtat militaires. La rīŋŊussite immīŋŊdiate du putsch - face īŋŊ une possibilitīŋŊ de rīŋŊsistance de la classe ouvriīŋŊre - comme la stabilitīŋŊ future du rīŋŊgime quīŋŊil voulait mettre en place imposaient īŋŊ līŋŊīŋŊtat-major de frapper vite et fort, et de briser la classe ouvriīŋŊre pour le plus longtemps possible.

Le coup dīŋŊīŋŊtat contre Allende īŋŊtait-il prīŋŊvisible ?

Le coup dīŋŊīŋŊtat militaire nīŋŊīŋŊtait-il pas prīŋŊparīŋŊ ?

DīŋŊs le dīŋŊbut du gouvernement Allende la possibilitīŋŊ dīŋŊun putsch militaire īŋŊtait prīŋŊsente īŋŊ tous les esprits. Depuis des mois - mais plus particuliīŋŊrement depuis la tentative de putsch dīŋŊun rīŋŊgiment de blindīŋŊs de la capitale le 29 juin dernier - tout le monde savait - et bien entendu Allende et les dirigeants de līŋŊUnitīŋŊ Populaire les tout premiers - quīŋŊil existait une menace permanente de coup dīŋŊīŋŊtat.

Pour preuve que la gauche chilienne īŋŊtait parfaitement au courant de cette menace il suffit de relire les numīŋŊros de ces trois derniers mois du quotidien du PCF LīŋŊHumanitīŋŊ, qui reflīŋŊte certainement fidīŋŊlement les prīŋŊoccupations et les informations du Parti Communiste Chilien et de līŋŊUnitīŋŊ Populaire. La possibilitīŋŊ dīŋŊun coup dīŋŊīŋŊtat y est sans arrīŋŊt īŋŊvoquīŋŊe :

īŋŊ La rīŋŊaction a compris que toute possibilitīŋŊ de īŋŊ coup dīŋŊīŋŊtat līŋŊgal īŋŊ lui devenait interdite. Il ne restait, il ne reste plus que le putsch īŋŊ (LīŋŊHumanitīŋŊ du 30.6.73).

īŋŊ Situation trīŋŊs grave au Chili : les dīŋŊputīŋŊs de la droite appellent līŋŊarmīŋŊe īŋŊ renverser le gouvernement īŋŊ (titre de LīŋŊHumanitīŋŊ du 24.8.73).

īŋŊ Le troisiīŋŊme (courant qui traverse līŋŊarmīŋŊe, NDLR) - notamment dans līŋŊaviation et la marine - est prīŋŊt sans aucun doute pour peu que la conjoncture sīŋŊy prīŋŊte īŋŊ prendre la direction ou īŋŊ se rallier īŋŊ un coup dīŋŊīŋŊtat rīŋŊactionnaire  īŋŊ (LīŋŊHumanitīŋŊ du 8.9.73).

Dans les semaines et les mois qui ont prīŋŊcīŋŊdīŋŊ le putsch, līŋŊarmīŋŊe prenait de plus en plus ses distances dīŋŊavec le gouvernement Allende : dīŋŊmission du gīŋŊnīŋŊral Ruiz de ses fonctions de ministre des travaux publics et de commandant en chef des forces aīŋŊriennes le 18 aoīŋŊt ; dīŋŊmission du gīŋŊnīŋŊral Prats du ministīŋŊre de la dīŋŊfense et du commandement en chef des forces armīŋŊes le 23 aoīŋŊt ; dīŋŊmission des gīŋŊnīŋŊraux Guillermo Pickering et Mario Sepulveda, respectivement directeur de tous les instituts militaires du pays et commandant de la garnison de Santiago, le 24 aoīŋŊt ; dīŋŊmission de līŋŊamiral Raoul Montero, commandant en chef des forces navales chiliennes de son poste de ministre des finances le 27 aoīŋŊt. RīŋŊgis Debray, qui se prīŋŊsente comme un allendiste inconditionnel et un ami de līŋŊex-prīŋŊsident, īŋŊcrit dans Le Nouvel Observateur du 17.9.73 : īŋŊ RīŋŊunissant le lendemain dans son bureau le corps des gīŋŊnīŋŊraux dīŋŊactive des forces armīŋŊes, il (Allende, NDLR) dīŋŊcouvrit quīŋŊil ne pouvait compter que sur quatre gīŋŊnīŋŊraux contre dix huit (les quatre īŋŊtaient parmi ceux qui allaient dīŋŊmissionner de līŋŊarmīŋŊe en aoīŋŊt, NDLR). Au mīŋŊme moment, les officiers subalternes dīŋŊlibīŋŊraient dans toutes les casernes du pays : huit sur dix, surtout parmi les plus jeunes, demandaient le relīŋŊchement des mutins et la destitution des quatre fidīŋŊles qui, Prats en tīŋŊte, avaient obtenu leur reddition īŋŊ.

Le coup dīŋŊīŋŊtat nīŋŊīŋŊtait pas seulement prīŋŊvisible. Il īŋŊtait prīŋŊvu. Par Allende et son gouvernement lui-mīŋŊme. Mais ils nīŋŊont rien fait pour sīŋŊy opposer.

Pourquoi les soldats issus du peuple ne se sont pas opposīŋŊs au putsch ?

Parce que personne - exceptīŋŊ peut-īŋŊtre certains mouvements gauchistes - ni Allende ni les partis qui le soutenaient, ne le leur ont demandīŋŊ ni ne les ont prīŋŊparīŋŊs īŋŊ cela.

Car au moment dīŋŊun putsch, si les soldats nīŋŊont pas īŋŊtīŋŊ prīŋŊparīŋŊs dīŋŊavance īŋŊ son īŋŊventualitīŋŊ et instruits de ce quīŋŊils doivent faire en ce cas, ils nīŋŊont aucun moyen de sīŋŊy opposer. Et aussi bien les soldats du contingent que les engagīŋŊs qui pourraient prendre le parti des travailleurs et de la gauche. LaissīŋŊs dans līŋŊignorance la plupart du temps du but rīŋŊel des ordres quīŋŊils reīŋŊoivent et des mouvements quīŋŊils font, coupīŋŊs du reste de la population, soumis īŋŊ leurs officiers, par quel miracle trouveraient-ils brusquement la conscience et la force de leur dire non au moment prīŋŊcis oīŋŊ ces officiers, franchissant le Rubicon, ne peuvent plus tolīŋŊrer dans leur troupe ni la moindre dīŋŊsobīŋŊissance ni mīŋŊme la moindre hīŋŊsitation ?

CīŋŊest avant līŋŊīŋŊventuel putsch que les soldats sympathisants de la cause des travailleurs doivent īŋŊtre prīŋŊparīŋŊs īŋŊ contrīŋŊler tous les faits et gestes de leurs officiers, īŋŊtre appelīŋŊs īŋŊ dīŋŊsobīŋŊir aux ordres qui pourraient leur sembler suspects ou encore mieux qui nīŋŊauraient pas reīŋŊu dīŋŊabord līŋŊapprobation des reprīŋŊsentants civils des travailleurs (syndicats ou comitīŋŊs locaux), īŋŊtre organisīŋŊs en liaison avec les travailleurs pour quīŋŊils sentent quīŋŊen cas de conflit avec leurs officiers ils ne se trouveront pas seuls face īŋŊ ces hommes qui ont sur eux tout pouvoir, y compris de vie et de mort. CīŋŊest avant le putsch que les travailleurs doivent montrer aux soldats quīŋŊils sont prīŋŊts īŋŊ lutter et dīŋŊcidīŋŊs īŋŊ triompher. Car les soldats ne peuvent refuser dīŋŊobīŋŊir aux ordres de leurs officiers et passer dans līŋŊautre camp, ou mīŋŊme simplement rester neutres, que sīŋŊil y a dans cet autre camp une perspective de victoire.

Au lieu de cela le gouvernement dīŋŊUnitīŋŊ Populaire a multipliīŋŊ les proclamations pour demander aux soldats de rester fidīŋŊles īŋŊ leurs officiers, mīŋŊme et y compris dans la derniīŋŊre pīŋŊriode, alors que līŋŊarmīŋŊe īŋŊtait en pleine prīŋŊparation du coup dīŋŊīŋŊtat. Ainsi, le 1er septembre, quelques jours īŋŊ peine avant le putsch, īŋŊtienne Fajon, qui revenait dīŋŊun voyage au Chili, disait lors dīŋŊune confīŋŊrence de presse : īŋŊ La phrasīŋŊologie gauchiste de diffīŋŊrentes formations, dont le MIR est la plus connue, a īŋŊtayīŋŊ des positions irresponsables et aventuristes ; cīŋŊest le cas de la consigne gauchiste de dīŋŊsobīŋŊissance lancīŋŊe aux soldats, qui a facilitīŋŊ les tentatives des officiers favorables au coup dīŋŊīŋŊtat... īŋŊ.

Pendant le mois dīŋŊaoīŋŊt on apprenait que plus dīŋŊune centaine de marins avaient īŋŊtīŋŊ emprisonnīŋŊs et torturīŋŊs pour avoir voulu sīŋŊopposer īŋŊ la prīŋŊparation dīŋŊun putsch par leurs officiers. Non seulement līŋŊīŋŊtat-major de la marine avait, semble-t-il, montīŋŊ une provocation pour amener les marins sympathisants actifs de la gauche īŋŊ se dīŋŊcouvrir mais, de plus, il annonīŋŊait tout īŋŊ fait officiellement quīŋŊil entendait maintenant les traduire devant la justice militaire. Le gouvernement Allende laissait faire. Comment aprīŋŊs cela les soldats auraient-ils pu prendre son parti en sachant quīŋŊils risquaient alors la prison et la torture sans que le pouvoir fasse un geste pour eux ?

CīŋŊest une telle politique qui a condamnīŋŊ tous les soldats īŋŊ rester solidaires de leurs officiers quoi quīŋŊil arrive.

Mais pour mener une autre politique, il fallait īŋŊtre prīŋŊt et rīŋŊsolu īŋŊ briser līŋŊarmīŋŊe et non pas avoir comme souci essentiel de la prīŋŊserver.

Est-il plus difficile de se dīŋŊfendre contre une armīŋŊe de mīŋŊtier que contre une armīŋŊe de conscrip-tion ?

Au Chili il y a un contingent dīŋŊappelīŋŊs aux cīŋŊtīŋŊs des 75 000 militaires professionnels (en comptant les 25 000 carabiniers). En Espagne en 1936 il y avait un service militaire. Il est donc absurde de croire que līŋŊarmīŋŊe de conscription, qui de toute maniīŋŊre est toujours encadrīŋŊe par des professionnels, est une protection automatique contre un coup dīŋŊīŋŊtat militaire.

De mīŋŊme dīŋŊailleurs, līŋŊarmīŋŊe franīŋŊaise, composīŋŊe de seuls professionnels en Indochine et dīŋŊune majoritīŋŊ du contingent en AlgīŋŊrie, mena exactement le mīŋŊme sale travail et la mīŋŊme guerre coloniale dans ces deux pays.

Les hommes de troupe seuls, conscrits ou professionnels, ne peuvent rien contre līŋŊencadrement. Ils sont īŋŊcrasīŋŊs par lui et ne peuvent que suivre, y compris dans un putsch quīŋŊils dīŋŊsapprouvent.

La vraie question, la seule, dīŋŊpend de la politique de la classe ouvriīŋŊre et des organisations qui la reprīŋŊsentent, de leur capacitīŋŊ et de leur volontīŋŊ de sīŋŊadresser aux soldats, de les dresser contre leurs officiers, dīŋŊaider par tous les moyens ceux qui le font, et surtout dīŋŊoffrir des perspectives de victoire pour le camp des travailleurs. Comment des soldats, professionnels ou conscrits, qui risquent la prison sinon le peloton dīŋŊexīŋŊcution pour simplement exprimer leur sympathie īŋŊ la gauche au sein de līŋŊarmīŋŊe, pourraient-ils prendre parti contre leurs officiers ou mīŋŊme simplement refuser dīŋŊobīŋŊir aux ordres des putschistes, si les choses sont rīŋŊglīŋŊes dīŋŊavance, si la victoire des militaires est assurīŋŊe, si les travailleurs nīŋŊont aucune chance de triompher ?

Pourquoi les īŋŊ officiers dīŋŊmocrates īŋŊ ne se sont-ils pas opposīŋŊs non plus au putsch ?

Au dīŋŊbut du mois dīŋŊaoīŋŊt on estimait, paraīŋŊt-il, quīŋŊil nīŋŊy avait que cinq ou six gīŋŊnīŋŊraux dīŋŊactive sur vingt-cinq sur lesquels Allende pouvait compter et que huit officiers sur dix lui īŋŊtaient dīŋŊfavorables. Et, pendant ce mois dīŋŊaoīŋŊt, īŋŊ līŋŊapproche du putsch, tous les gīŋŊnīŋŊraux qui passaient pour allendistes ont donnīŋŊ leur dīŋŊmission. Ils ont prīŋŊfīŋŊrīŋŊ disparaīŋŊtre plutīŋŊt que de sīŋŊopposer au coup dīŋŊīŋŊtat.

Le gīŋŊnīŋŊral Prats, en donnant lui-mīŋŊme sa dīŋŊmission du ministīŋŊre de la dīŋŊfense et du commandement en chef des forces armīŋŊes a rīŋŊsumīŋŊ leur position : īŋŊ Pour ne pas briser līŋŊarmīŋŊe īŋŊ.

Si les politiciens dīŋŊmocrates, du type Allende, prīŋŊfīŋŊrent la dīŋŊfaite politique et mīŋŊme risquer la mort plutīŋŊt que de toucher īŋŊ līŋŊīŋŊtat et īŋŊ ce qui en est līŋŊessence, līŋŊarmīŋŊe et la police, comment pourrait-il en īŋŊtre autrement des officiers īŋŊ dīŋŊmocrates īŋŊ ? LīŋŊarmīŋŊe, cīŋŊest eux. Par toutes les fibres de leur formation, de leur vie, de leur īŋŊtre, ils sont destinīŋŊs īŋŊ la prīŋŊserver. Au risque, eux aussi, de la dīŋŊfaite de leur parti et mīŋŊme de leur carriīŋŊre.

Allende a-t-il essayīŋŊ de sīŋŊappuyer sur la classe ouvriīŋŊre face īŋŊ la menace de putsch ?

LīŋŊarmīŋŊe chilienne compte 75 000 professionnels dont 50 000 dans les divisions classiques, terre, mer, air, et 25 000 carabiniers organisīŋŊs sur le modīŋŊle militaire et dotīŋŊs dīŋŊun armement dīŋŊinfanterie. Face īŋŊ cela il y a īŋŊ un million et demi de travailleurs sur lesquels la centrale syndicale unique exerce une influence directe īŋŊ (LīŋŊHumanitīŋŊ du 27.8.73).

La classe ouvriīŋŊre avait donc les moyens de sīŋŊopposer au coup dīŋŊīŋŊtat militaire, īŋŊ condition de sīŋŊarmer, de faire appel īŋŊ līŋŊintīŋŊrieur mīŋŊme de līŋŊarmīŋŊe aux militaires (soldats ou sous-officiers) favorables īŋŊ la gauche, et surtout de passer īŋŊ līŋŊoffensive la premiīŋŊre sans laisser līŋŊavantage de celle-ci īŋŊ līŋŊīŋŊtat-major.

Au lieu de cela, la gauche a parlīŋŊ dīŋŊarmer les travailleurs sans le faire. īŋŊ SīŋŊil le faut, le peuple sera armīŋŊ īŋŊ dīŋŊclarait īŋŊ la radio Allende īŋŊ la suite du putsch manquīŋŊ du 29 juin. Mais en matiīŋŊre de guerre civile rien nīŋŊest plus ridicule que les menaces sans effet et les rodomontades.

Elle a mobilisīŋŊ la classe ouvriīŋŊre dans de grandes manifestations de rue pacifiques et dīŋŊsarmīŋŊes. īŋŊ Santiago, il y a eu 500 000 manifestants le 30 juin īŋŊ la suite du putsch manquīŋŊ du rīŋŊgiment de blindīŋŊs et 800 000 le 4 septembre, cinq jours avant le putsch. Mais que peuvent des centaines de milliers de travailleurs dīŋŊsarmīŋŊs contre quelques milliers de soldats, eux bien armīŋŊs ?

Il y avait parmi les soldats et les sous-officiers un certain nombre de partisans de la gauche, comme le prouve līŋŊaffaire des marins de Valparaiso.

Mais le gouvernement dīŋŊAllende laissait līŋŊīŋŊtat-major de la marine monter officiellement et publiquement un procīŋŊs contre ces marins, et de plus, il multipliait les appels aux soldats pour quīŋŊils demeurent loyaux envers leurs officiers. Ainsi LīŋŊHumanitīŋŊ du 9.9.73 rīŋŊsumait la thīŋŊse de līŋŊUnitīŋŊ Populaire : īŋŊ Certains mots dīŋŊordre - par exemple la dīŋŊsobīŋŊissance envers les officiers īŋŊlevīŋŊe dans tous les cas en vertu rīŋŊvolutionnaire - donnent prīŋŊtexte īŋŊ des conflits renforīŋŊant les positions de la droite, īŋŊ des provocations dīŋŊofficiers rīŋŊactionnaires contre le gouvernement. On voudrait jeter dans les bras des comploteurs les officiers loyaux que līŋŊon ne sīŋŊy prendrait pas autrement...  īŋŊ. En fait, la politique de IīŋŊUnitīŋŊ Populaire a surtout abouti īŋŊ laisser sinon dans les bras, du moins sous les ordres de leurs officiers, les soldats qui pouvaient lui īŋŊtre favorables. Que pouvaient-ils faire dīŋŊautre puisque cīŋŊest la gauche elle-mīŋŊme qui leur recommandait, comme la premiīŋŊre des vertus, līŋŊobīŋŊissance īŋŊ leurs officiers et qui, de plus, abandonnait īŋŊ ces mīŋŊmes officiers ceux dīŋŊentre eux qui avaient voulu sīŋŊopposer īŋŊ dīŋŊīŋŊventuelles en-treprises factieuses ?

Ce que la gauche a conīŋŊu au mieux pour sīŋŊopposer au putsch, cīŋŊest de mobiliser les travailleurs pour garder les usines. īŋŊ Les 10 000 volontaires de la patrie - jeunes communistes, socialistes, chrīŋŊtiens, ouvriers, īŋŊtudiants, paysans qui consacrent jusquīŋŊīŋŊ 18 heures par jour īŋŊ la conduite, au chargement, au dīŋŊchargement des camions, qui montent la garde autour des usines, des centrales īŋŊlectriques, des rīŋŊservoirs dīŋŊeau potable, qui affrontent les commandos dīŋŊextrīŋŊme droite - donnent par leur exemple quotidien une idīŋŊe de ce que serait la riposte populaire īŋŊ un īŋŊventuel coup de force īŋŊ. (LīŋŊHumanitīŋŊ du 27.8.73).

Mais dans les semaines qui ont prīŋŊcīŋŊdīŋŊ le putsch, līŋŊarmīŋŊe a multipliīŋŊ les perquisitions dans les quartiers ouvriers et les entreprises pour y rechercher les armes que les travailleurs auraient pu dīŋŊtenir. Non seulement le gouvernement dīŋŊUnitīŋŊ Populaire nīŋŊa rien fait pour sīŋŊopposer īŋŊ ces opīŋŊrations policiīŋŊres, mais il a au contraire donnīŋŊ īŋŊ līŋŊīŋŊtat-major un blanc-seing pour y procīŋŊder.

Pourquoi līŋŊUnitīŋŊ Populaire nīŋŊa-t-elle pas essayīŋŊ de sīŋŊappuyer sur les travailleurs ?

Parce que ses dirigeants - et en premier lieu Allende lui-+mīŋŊme - sont des hommes politiques bourgeois, mīŋŊme sīŋŊils se disent de gauche, socialistes, communistes ou marxistes, parce quīŋŊīŋŊ līŋŊimage de LīŋŊon Blum, chef du gouvernement du Front Populaire en France en 1936 qui se qualifia ainsi lui-mīŋŊme, ils se sont comportīŋŊs comme des īŋŊ gīŋŊrants loyaux du capitalisme īŋŊ, et en īŋŊtaient.

Et tous les hommes politiques bourgeois, quelle que soit leur couleur politique, savent que le dernier recours pour dīŋŊfendre līŋŊordre social īŋŊtabli, cīŋŊest līŋŊappareil de līŋŊīŋŊtat bourgeois, līŋŊarmīŋŊe et la police. Il nīŋŊest donc pas question pour eux de toucher īŋŊ celles-ci. MīŋŊme sīŋŊils savent aussi quīŋŊelles sont composīŋŊes dīŋŊhommes de droite et de fascistes, cīŋŊest īŋŊ-dire dīŋŊadversaires politiques dont le rīŋŊve et le programme sont dīŋŊannihiler la gauche et le mouvement ouvrier.

Le gouvernement dīŋŊUnitīŋŊ Populaire nīŋŊa dīŋŊailleurs pas touchīŋŊ davantage au reste de līŋŊappareil dīŋŊīŋŊtat. Il a acceptīŋŊ la loi dīŋŊinamovibilitīŋŊ des fonctionnaires, qui a permis īŋŊ tous ceux mis en place par les gouvernements de droite prīŋŊcīŋŊdents, et notamment la DīŋŊmocratie ChrīŋŊtienne de Frei, de rester īŋŊ leur poste... et dīŋŊy mener īŋŊventuellement une autre politique que celle du gouvernement.

Les politiciens de līŋŊUnitīŋŊ Populaire prīŋŊfīŋŊraient courir le risque du coup dīŋŊīŋŊtat, avec tous les risques personnels que celui-ci comportait pour eux, comme le montre līŋŊexemple dīŋŊAllende, plutīŋŊt que de prendre le risque de dīŋŊmolir cet instrument de la bourgeoisie, qui est le meilleur et līŋŊultime garant contre les exploitīŋŊs, la classe ouvriīŋŊre et la rīŋŊvolution.

Cette attitude est dīŋŊailleurs le critīŋŊre de la nature politique profonde de ces hommes de gauche, la preuve que, quelle que soit līŋŊidīŋŊologie dont ils se rīŋŊclament, ils ne sont en rīŋŊalitīŋŊ que des reprīŋŊsentants de la bourgeoisie.

En cas de victoire de līŋŊUnion de la Gauche, līŋŊarmīŋŊe franīŋŊaise pourrait-t-elle jouer le mīŋŊme rīŋŊle que līŋŊarmīŋŊe chilienne ?

La caste des officiers franīŋŊais est exactement comme au Chili liīŋŊe par toutes ses fibres īŋŊ la bourgeoisie et īŋŊ la rīŋŊaction.

Sans remonter aux siīŋŊcles prīŋŊcīŋŊdents, līŋŊarmīŋŊe franīŋŊaise a mīŋŊme une tradition plus solide dans la rīŋŊpression que līŋŊarmīŋŊe chilienne puisque, aprīŋŊs la Seconde Guerre Mondiale, elle a menīŋŊ prīŋŊs de vingt ans de guerre coloniale en Indochine, īŋŊ Madagascar, en AlgīŋŊrie, etc. Tous les officiers qui ont aujourdīŋŊhui le grade de capitaine ou au-dessus sont passīŋŊs pratiquement par cette īŋŊcole. Un bon nombre de sous-officiers de carriīŋŊre aussi.

Et surtout le rīŋŊle fondamental de līŋŊarmīŋŊe est, en France comme au Chili comme partout, de servir dīŋŊinstrument ultime et dīŋŊcisif pour trancher en faveur de la dīŋŊfense de līŋŊīŋŊtat bourgeois.

Le jouerait elle ?

Aucun doute nīŋŊest permis. Si la bourgeoisie, ou certains secteurs dīŋŊterminants de celle-ci, estimaient, pour une raison ou une autre, que laisser la gauche au pouvoir devient dangereux ou nuisible pour leurs intīŋŊrīŋŊts et quīŋŊils nīŋŊaient pas dīŋŊautres moyens de sīŋŊen dīŋŊbarrasser, ils feraient appel īŋŊ līŋŊarmīŋŊe.

Le rīŋŊgime actuel de la CinquiīŋŊme RīŋŊpublique a īŋŊtīŋŊ instaurīŋŊ īŋŊ la suite de la rīŋŊvolte de līŋŊarmīŋŊe en AlgīŋŊrie en mai 58. En avril 61, quelques gīŋŊnīŋŊraux tentīŋŊrent par un nouveau putsch en AlgīŋŊrie de se dīŋŊbarrasser de de Gaulle. īŋŊ leur tīŋŊte, il y avait Salan, qui avait passīŋŊ longtemps pour un gīŋŊnīŋŊral īŋŊ rīŋŊpublicain īŋŊ et avait la rīŋŊputation dīŋŊun gīŋŊnīŋŊral politique qui avait gagnīŋŊ ses galons grīŋŊce īŋŊ ses relations avec les politiciens de la QuatriīŋŊme RīŋŊpublique. Comment pourrait-on soutenir aprīŋŊs cela quīŋŊun putsch est impensable avec līŋŊarmīŋŊe franīŋŊaise ?

DīŋŊailleurs une partie des manoeuvres que font rīŋŊguliīŋŊrement les troupes consiste īŋŊ apprendre īŋŊ lutter contre une īŋŊventuelle subversion intīŋŊrieure. īŋŊ quoi cela rime-t-il donc sinon īŋŊ sīŋŊentraīŋŊner pour la guerre civile ?

Mitterrand et Marchais nous dīŋŊfendraient-ils mieux quīŋŊAllende ?

Les prises de position des dirigeants du Parti Communiste FranīŋŊais et du Parti Socialiste, au lendemain du putsch chilien, sont parfaitement claires. Ils nīŋŊont tirīŋŊ aucune leīŋŊon de ces īŋŊvīŋŊnements, et ont au contraire dīŋŊclarīŋŊ quīŋŊils nīŋŊentendaient changer en rien leur politique.

īŋŊtienne Fajon īŋŊcrivait par exemple dans LīŋŊHumanitīŋŊ du 13 septembre : īŋŊ Le drame chilien confirme, par ailleurs, pour nous, la justesse de notre orientation fondamentale maintes fois exposīŋŊe... les partis de gauche, pour promouvoir et mettre en oeuvre leur programme commun, doivent sīŋŊassurer le soutien actif et persīŋŊvīŋŊrant de la masse immense des travailleurs, de toutes les victimes des monopoles, cīŋŊest īŋŊ-dire de la grande majoritīŋŊ des FranīŋŊais ; ainsi sera isolīŋŊe et, par consīŋŊquent, mise hors dīŋŊīŋŊtat de nuire līŋŊīŋŊtroite oligarchie qui domine encore aujourdīŋŊhui līŋŊīŋŊconomie et la politique de la France ; ainsi la volontīŋŊ du peuple sera assez forte pour dīŋŊjouer tous les complots et pour līŋŊemporter īŋŊ. Comme on le voit, pour Fajon et le PCF, le problīŋŊme de īŋŊ mettre hors dīŋŊīŋŊtat de nuire īŋŊ līŋŊarmīŋŊe et la police au service de la grande bourgeoisie ne se pose mīŋŊme pas. Il suffit īŋŊ dīŋŊisoler īŋŊ celle-ci.

Et quant īŋŊ līŋŊattitude quīŋŊaurait līŋŊUnion de la Gauche au pouvoir vis-īŋŊ-vis de līŋŊarmīŋŊe, voilīŋŊ ce que dīŋŊclarait FranīŋŊois Mitterrand le 24 septembre au micro dīŋŊEurope NīŋŊ1 : īŋŊ Je nīŋŊai jamais mis le līŋŊgalisme de līŋŊarmīŋŊe en doute, en dīŋŊpit des expīŋŊriences cruelles de 1958 et 1961. LīŋŊarmīŋŊe ne constitue pas une menace īŋŊ līŋŊheure actuelle pour une rīŋŊpublique gouvernīŋŊe par la gauche et dont les structures īŋŊconomiques seraient modifiīŋŊes. īŋŊ

Pour justifier cet optimisme bīŋŊat, les dirigeants de līŋŊUnion de la Gauche nīŋŊont finalement, en dernier recours, que cette lapalissade maintes fois rīŋŊpīŋŊtīŋŊe en particulier par Georges Marchais : īŋŊ Le Chili nīŋŊest pas la France īŋŊ. Pour eux, ce seraient donc des conditions spīŋŊcifiques īŋŊ la France qui permettraient de ne pas craindre de putsch dans ce pays, en cas de venue de la gauche au pouvoir.

Leur raisonnement nīŋŊa dīŋŊailleurs rien dīŋŊoriginal, car les rīŋŊformistes de tous les pays expliquent toujours la possibilitīŋŊ du passage au socialisme par des voies pacifiques dans leur propre pays par les conditions spīŋŊcifiques de celui-ci. īŋŊ preuve cette dīŋŊclaration que Salvador Allende a faite en juin 1972 īŋŊ un journaliste franīŋŊais (Le Figaro du 13 septembre) : īŋŊ CīŋŊest dans notre pays seul que līŋŊarmīŋŊe dīŋŊfend la Constitution et la loi. Elle apporte dans le respect de la volontīŋŊ populaire une contribution technique inapprīŋŊciable au dīŋŊveloppement de la nation īŋŊ. Et, rapporte ce journaliste, Allende avait ajoutīŋŊ : īŋŊ Hein, vous ne pourriez pas en dire autant en France, ni dans la plupart des pays europīŋŊens ! īŋŊ

Comment la gauche peut elle se protīŋŊger contre un coup dīŋŊīŋŊtat militaire īŋŊventuel ?

Les ouvriers pouvaient-ils sīŋŊopposer au coup dīŋŊīŋŊtat militaire ?

Face īŋŊ la menace de putsch ce nīŋŊīŋŊtait pas attendre līŋŊarme au pied, īŋŊ supposer quīŋŊils aient effectivement des armes, que devaient faire les travailleurs. Cela, cīŋŊīŋŊtait au mieux, leur offrir dīŋŊavance comme seule perspective de succomber en dīŋŊfendant hīŋŊroīŋŊquement leur usine. CīŋŊest ce qui est arrivīŋŊ.

Pour avoir une chance de vaincre le putsch il faut en prendre les devants.

Quelques milliers dīŋŊofficiers mis hors dīŋŊīŋŊtat de nuire ce nīŋŊīŋŊtait pas chose impossible īŋŊ des dizaines de milliers de travailleurs qui de toute maniīŋŊre risquaient leur vie en laissant faire līŋŊarmīŋŊe comme la suite līŋŊa prouvīŋŊ. CīŋŊīŋŊtait dīŋŊautant moins impossible quīŋŊils auraient alors īŋŊtīŋŊ aidīŋŊs par la minoritīŋŊ des soldats de gauche.

Mais pour cela, bien plus que les usines, les centrales īŋŊlectriques ou les points dīŋŊeau, cīŋŊīŋŊtaient les stocks de vivres, de munitions, dīŋŊarmement et de carburant quīŋŊil aurait fallu mettre sous le contrīŋŊle direct des travailleurs, et faire en sorte que pas un officier puisse sīŋŊy servir sans avoir reīŋŊu au prīŋŊalable le visa des reprīŋŊsentants des travailleurs.

Il aurait fallu que les travailleurs et leurs reprīŋŊsentants pīŋŊnīŋŊtrent dans les casernes, les mettent vīŋŊritablement sous leur contrīŋŊle, sīŋŊappuient sur les soldats sympathisants, surveillent faits, gestes et ordres des officiers, soient prīŋŊts īŋŊ sīŋŊopposer īŋŊ ceux-ci, īŋŊventuellement mīŋŊme īŋŊ arrīŋŊter ceux dīŋŊentre eux qui auraient une conduite suspecte.

īŋŊ cette condition alors, līŋŊorganisation dīŋŊun putsch par un īŋŊtat-major et des officiers sous surveillance constante et mis dans līŋŊimpossibilitīŋŊ de bouger sans le feu vert des organisations ouvriīŋŊres aurait pu īŋŊtre rendue impossible.

Peut-on īŋŊpurer līŋŊarmīŋŊe et la police ?

LīŋŊīŋŊnorme majoritīŋŊ, sinon la quasi-totalitīŋŊ des cadres de līŋŊarmīŋŊe et de la police sont de droite, rīŋŊactionnaires ou au moins conservateurs. Ceux qui se prīŋŊtendent dīŋŊmocrates, nous līŋŊavons vu au Chili, en cas de putsch de la droite prīŋŊfīŋŊrent disparaīŋŊtre plutīŋŊt que de briser līŋŊarmīŋŊe et la police en sīŋŊy opposant.

īŋŊpurer signifie-t-il exclure tous ceux-līŋŊ ? Mais alors il ne reste plus personne et cela revient dans les faits īŋŊ dissoudre et briser līŋŊarmīŋŊe ou cela signifie-t-il seulement - comme līŋŊentendent les partis de gauche quand ils en parlent - se dīŋŊfaire des plus rīŋŊactionnaires ou des plus compromis dīŋŊentre les cadres ? Mais alors cīŋŊest ne rien changer de fondamental et maintenir pour līŋŊessentiel ce corps dont la dīŋŊfense des intīŋŊrīŋŊts de la bourgeoisie est la raison dīŋŊīŋŊtre, cīŋŊest maintenir donc tous les dangers de putsch et de coup dīŋŊīŋŊtat.

Peut-on dīŋŊmocratiser līŋŊarmīŋŊe et la police ?

On ne peut pas plus dīŋŊmocratiser quīŋŊīŋŊpurer līŋŊarmīŋŊe de la bourgeoisie. En France, tous les cadres de cette armīŋŊe ne sont pas des grands bourgeois. Une bonne partie dīŋŊentre eux est issue [1] de la petite bourgeoisie. Les hommes de troupe le sont, eux, de la classe ouvriīŋŊre ou de la paysannerie. Mais un paysan, un petit-bourgeois ou un ouvrier qui passe sous līŋŊuniforme et y fait carriīŋŊre, abandonne les idīŋŊes de sa classe et les attaches avec elle pour devenir un soldat cīŋŊest īŋŊ-dire un instrument dans les mains de līŋŊīŋŊtat-major. CīŋŊest encore plus vrai sīŋŊil devient officier. La formation et la discipline auxquelles il est soumis, et qui ont fait largement leurs preuves plus que centenaires, nīŋŊont pas dīŋŊautre but.

īŋŊ la īŋŊ LibīŋŊration īŋŊ on a ainsi prīŋŊtendu dīŋŊmocratiser līŋŊarmīŋŊe et la police en y intīŋŊgrant une partie des hommes des maquis. Cela nīŋŊa empīŋŊchīŋŊ ni les CRS de mater les grīŋŊves ouvriīŋŊres ni līŋŊarmīŋŊe de mener les sales guerres coloniales, īŋŊ commencer par la guerre dīŋŊIndochine.

Les chefs du Parti Communiste FranīŋŊais nous disent aujourdīŋŊhui quīŋŊen France il faut compter sur le contingent, que celui-ci est le vīŋŊritable garant de la dīŋŊmocratisation de līŋŊarmīŋŊe, que les jeunes appelīŋŊs, travailleurs, ouvriers, paysans sous līŋŊuniforme pour un temps, ne laisseraient pas faire des officiers putschistes.

Mais coupīŋŊs du reste de la population laborieuse durant leur service militaire, encasernīŋŊs hors de tout contrīŋŊle et de tout droit de regard de cette population, ces soldats comme ceux de carriīŋŊre sont entiīŋŊrement soumis īŋŊ leurs officiers. Seuls face īŋŊ ceux-līŋŊ ils nīŋŊont pratiquement aucun moyen de sīŋŊopposer īŋŊ leur volontīŋŊ.

Et les dirigeants du PCF, qui parlent de dīŋŊmocratisation de līŋŊarmīŋŊe, ne disent pas un mot, eux, du seul moyen dīŋŊassurer cette dīŋŊmocratisation : le contrīŋŊle des travailleurs sur līŋŊarmīŋŊe, les casernes, les armes, les stocks de toutes sortes dont une armīŋŊe moderne a besoin pour exister.

Que serait une armīŋŊe populaire et dīŋŊmocratique ?

La seule armīŋŊe populaire et dīŋŊmocratique serait celle que formeraient tous les travailleurs en armes, hors des casernes, sans gradīŋŊs tout-puissants ni hiīŋŊrarchie professionnelle mais avec līŋŊarmement et līŋŊinstruction militaire sur les lieux de travail ou dīŋŊhabitation et des chefs īŋŊlus et rīŋŊvocables, īŋŊ tous les īŋŊchelons.

Certes une armīŋŊe moderne, qui comporte obligatoirement des blindīŋŊs, de līŋŊaviation, des armes de toutes sortes dīŋŊune haute technologie doit avoir des stocks dīŋŊarmement et aussi des techniciens capables de servir ces armes.

Mais mettre les stocks et les dīŋŊpīŋŊts sous la garde des travailleurs en armes, soumettre leur utilisation par les techniciens īŋŊ līŋŊapprobation des reprīŋŊsentants des travailleurs est parfaitement possible. Car il est finalement plus facile aux travailleurs qui fabriquent les armes et les munitions, les moyens de transport et les communications, qui bien souvent les entretiennent, de soumettre līŋŊīŋŊtat-major et le corps des officiers tout entier īŋŊ un tel contrīŋŊle, quīŋŊaux soldats du contingent isolīŋŊs et privīŋŊs dīŋŊinformation.

De toute faīŋŊon, sans un tel contrīŋŊle, inutile de parler de dīŋŊmocratisation de līŋŊarmīŋŊe.

Une armīŋŊe populaire et dīŋŊmocratique est-elle possible ?

Une telle armīŋŊe a existīŋŊ dīŋŊjīŋŊ, ne serait-ce quīŋŊun court moment, īŋŊ plusieurs reprises dans līŋŊhistoire.

En 1871 sous la Commune de Paris ; en 1917 en Russie aux premiers temps du pouvoir des Soviets ; en Espagne en 1936 quand, malgrīŋŊ le gouvernement rīŋŊpublicain, des milices ont surgi un peu partout pour sīŋŊopposer justement au coup dīŋŊīŋŊtat de Franco.

Et puis cīŋŊest la seule chance des travailleurs, de la gauche, du socialisme. Sinon, si nous ne sommes pas capables de briser ce bastion de la rīŋŊaction quīŋŊest forcīŋŊment līŋŊarmīŋŊe actuelle, ce nīŋŊest pas la peine de penser īŋŊ un pouvoir des travailleurs. Bien pire, un simple gouvernement de gauche a toutes les chances de finir par la rīŋŊaction militaire comme au Chili.

Les travailleurs nīŋŊont donc pas le choix : ou ils sont capables dīŋŊappliquer un programme rīŋŊvolutionnaire et de briser līŋŊarmīŋŊe, ou ils sont condamnīŋŊs īŋŊ subir le joug de la bourgeoisie, de la rīŋŊaction et du fascisme.

Une police est-elle nīŋŊcessaire ?

Le rīŋŊle essentiel de la police, sa raison dīŋŊīŋŊtre, est un rīŋŊle politique. Elle existe pour dīŋŊfendre la propriīŋŊtīŋŊ et līŋŊordre des capitalistes.

Accessoirement, elle sert aussi īŋŊ dīŋŊfendre les personnes des citoyens contre les voyous criminels ou les fous, qui sont pour le plus grand nombre dīŋŊailleurs eux-mīŋŊmes des produits de la sociīŋŊtīŋŊ capitaliste. Mais cīŋŊest īŋŊvidemment ce rīŋŊle secondaire et accessoire qui est mis en avant par les tenants du systīŋŊme pour justifier līŋŊexistence de cette police.

Les travailleurs nīŋŊont aucun besoin de la fonction politique de la police qui est directement dirigīŋŊe contre eux.

La seconde fonction policiīŋŊre - la protection des personnes - qui disparaīŋŊtra dīŋŊailleurs pour līŋŊessentiel dans une autre sociīŋŊtīŋŊ, aura pourtant sans doute encore un certain temps sa raison dīŋŊīŋŊtre, līŋŊinfluence et les tares de la sociīŋŊtīŋŊ capitaliste lui survivant certainement un bon moment.

Aussi si toute la police politique doit īŋŊtre dīŋŊsarmīŋŊe et mise sans dīŋŊlai hors dīŋŊīŋŊtat de nuire (par exemple CRS et gendarmerie mobile en France, comme aurait dīŋŊ īŋŊtre dīŋŊsarmīŋŊ et mis hors dīŋŊīŋŊtat de nuire au Chili le corps des carabiniers, composīŋŊ de 25 000 hommes organisīŋŊs sur le modīŋŊle militaire), les hommes chargīŋŊs de veiller spīŋŊcialement īŋŊ la protection des personnes devront īŋŊtre en tout īŋŊtat de cause constamment contrīŋŊlīŋŊs par les travailleurs et la population si ceux-ci ne veulent pas voir leurs īŋŊ dīŋŊfenseurs īŋŊ se retourner un jour contre eux.

Comment contrīŋŊler la police ?

ContrīŋŊler une police, cantonnīŋŊe dans le seul rīŋŊle de dīŋŊfense des citoyens, cela signifie la mettre sous la surveillance constante de ces citoyens.

Tous les policiers doivent īŋŊtre īŋŊlus et rīŋŊvocables īŋŊ tout moment par les travailleurs de la localitīŋŊ oīŋŊ ils ont mission dīŋŊexercer leur fonction. Ces travailleurs doivent pouvoir īŋŊ tout moment contrīŋŊler comment ils līŋŊexercent, cīŋŊest īŋŊ-dire pouvoir visiter jour et nuit les commissariats, et aussi les prisons, demander et exiger des comptes et des explications.

Une police soumise īŋŊ ce contrīŋŊle constant, qui ne serait pas encasernīŋŊe mais vivrait au milieu de la population de la mīŋŊme vie quīŋŊelle, qui nīŋŊaurait pas non plus le monopole des armes puisque līŋŊensemble des travailleurs serait armīŋŊ, une telle police ne prīŋŊsenterait alors effectivement plus de risque de constituer un corps īŋŊ part ni de possibilitīŋŊ de dīŋŊfendre dīŋŊautres intīŋŊrīŋŊts que ceux des travailleurs et de līŋŊensemble de la population laborieuse.

Les travailleurs ont-ils un autre choix que celui de dīŋŊsarmer līŋŊarmīŋŊe et la police et de sīŋŊarmer eux-mīŋŊmes ?

Un tel programme, quand il est dīŋŊfendu par les rīŋŊvolutionnaires, paraīŋŊt īŋŊ beaucoup, aujourdīŋŊhui en France, utopique ou hors dīŋŊatteinte. Pourtant les exemples abondent dans līŋŊhistoire oīŋŊ on a vu līŋŊarmīŋŊe mise hors dīŋŊīŋŊtat de nuire, de grīŋŊ ou de force, et la population et les travailleurs sīŋŊarmer.

Et mīŋŊme si sa rīŋŊalisation paraīŋŊt bien difficile, les travailleurs doivent pourtant prendre conscience que cīŋŊest le seul moyen qui puisse leur garantir non seulement la victoire de la classe ouvriīŋŊre et le socialisme, mais ne serait-ce quīŋŊun certain nombre de conquīŋŊtes politiques ou sociales arrachīŋŊes dans le cadre mīŋŊme de la dīŋŊmocratie bourgeoise et du systīŋŊme capitaliste.

SīŋŊarmer et dīŋŊsarmer līŋŊīŋŊtat-major nīŋŊaurait pas coīŋŊtīŋŊ davantage īŋŊ la classe ouvriīŋŊre chilienne que suivre la dīŋŊsastreuse politique dīŋŊAllende et de līŋŊUnitīŋŊ Populaire. Beaucoup moins mīŋŊme probablement. LīŋŊexemple du Chili le montre : ce nīŋŊest pas en refusant de sīŋŊarmer et en ne sīŋŊattaquant pas īŋŊ līŋŊarmīŋŊe quīŋŊon īŋŊvite la guerre civile et le massacre de la classe ouvriīŋŊre. Car en pīŋŊriode de crise, quand ce nīŋŊest pas la classe ouvriīŋŊre, cīŋŊest līŋŊarmīŋŊe rīŋŊactionnaire qui prend līŋŊinitiative. Et alors ce nīŋŊest souvent mīŋŊme pas la guerre civile, mais cīŋŊest toujours le massacre dīŋŊune classe ouvriīŋŊre et dīŋŊune gauche dīŋŊsarmīŋŊes qui nīŋŊont mīŋŊme pas la possibilitīŋŊ de se dīŋŊfendre.

Ce nīŋŊest pas parce quīŋŊils se sont armīŋŊs et quīŋŊils ont entrepris de dīŋŊsarmer līŋŊarmīŋŊe et la police que des milliers de travailleurs chiliens sont aujourdīŋŊhui assassinīŋŊs, et des milliers dīŋŊautres torturīŋŊs et emprisonnīŋŊs. CīŋŊest parce quīŋŊils ne se sont pas armīŋŊs et quīŋŊils ont laissīŋŊ les armes aux mains dīŋŊun appareil professionnel de rīŋŊpression au service de la bourgeoisie.

Souvenons-nous que la racaille militaire et la canaille rīŋŊactionnaire sont dīŋŊautant plus impitoyables quīŋŊelles peuvent frapper en toute impunitīŋŊ. Les plus grands massacres de līŋŊhistoire sociale ont toujours īŋŊtīŋŊ ceux des masses sans dīŋŊfense, soit vaincues aprīŋŊs la bataille comme aprīŋŊs la Commune de Paris, soit mīŋŊme sans quīŋŊil y ait bataille comme au Chili actuellement, comme en IndonīŋŊsie il y a quelques annīŋŊes.

Peut-on craindre une intervention īŋŊtrangīŋŊre ?

La gauche chilienne a fait īŋŊtat bien des fois de ses craintes dīŋŊune intervention īŋŊtrangīŋŊre, cīŋŊest īŋŊ-dire nord-amīŋŊricaine. Dans les jours mīŋŊmes oīŋŊ a īŋŊclatīŋŊ le putsch, des unitīŋŊs navales amīŋŊricaines venaient dīŋŊarriver au large des cīŋŊtes chiliennes. Sans doute une intervention de la marine et de līŋŊarmīŋŊe amīŋŊricaines nīŋŊīŋŊtait-elle pas exclue au cas oīŋŊ elle se serait rīŋŊvīŋŊlīŋŊe absolument nīŋŊcessaire. Il est probable en tout cas que la CIA et līŋŊappui que la droite et les militaires ont trouvīŋŊ auprīŋŊs des īŋŊtats-Unis ne sont pas īŋŊtrangers au dīŋŊclenchement du coup dīŋŊīŋŊtat du 11 septembre [2].

Les interventions des īŋŊtats-Unis au Guatemala et īŋŊ Saint-Domingue, pour ne pas parler du Vietnam, celle de la Grande-Bretagne en GrīŋŊce en 1945, celles de la France au Gabon ou au Tchad plus rīŋŊcemment, celle de līŋŊURSS en Hongrie ou en TchīŋŊcoslovaquie font que la crainte dīŋŊune intervention īŋŊtrangīŋŊre ne peut pas īŋŊtre considīŋŊrīŋŊe comme une chimīŋŊre ou un mythe.

Pourtant līŋŊexemple de toutes ces interventions qui ont effectivement abouti īŋŊ remettre en selle un rīŋŊgime renversīŋŊ ou chancelant contre la volontīŋŊ de la majoritīŋŊ de la population laborieuse montre clairement quīŋŊelles rīŋŊussissent dīŋŊautant mieux et dīŋŊautant plus vite quīŋŊelles trouvent appui dans le pays envahi, sur līŋŊappareil dīŋŊīŋŊtat ou une fraction de celui-ci et que les travailleurs et la population sont sans armes. DīŋŊailleurs la plupart des coups dīŋŊīŋŊtat oīŋŊ līŋŊon a pu voir la main de līŋŊīŋŊtranger et des grands pays impīŋŊrialistes, USA, Grande-Bretagne ou France, ont pu īŋŊtre rīŋŊalisīŋŊs sans intervention militaire extīŋŊrieure, avec les seules forces que līŋŊimpīŋŊrialisme trouvait justement dans līŋŊarmīŋŊe ou la police locale, face īŋŊ une population dīŋŊsarmīŋŊe.

A contrario les exemples du Vietnam ou de Cuba montrent que lorsque ces conditions ne sont plus remplies, līŋŊintervention īŋŊtrangīŋŊre devient trīŋŊs difficile, inefficace, voire impossible.

Pourquoi, alors que la GrīŋŊce, līŋŊEspagne, le Chili ont fini par un putsch militaire et des massacres, mīŋŊme les īŋŊtats-Unis nīŋŊont pu renverser le rīŋŊgime cubain ?

īŋŊ Cuba, līŋŊancienne armīŋŊe et līŋŊancienne police ont īŋŊtīŋŊ complīŋŊtement dīŋŊtruites. Et aux moments dīŋŊcisifs en tous cas - par exemple lors de la tentative dīŋŊinvasion de la Baie des Cochons par des exilīŋŊs cubains entraīŋŊnīŋŊs et armīŋŊs par les īŋŊtats Unis et la CIA - le rīŋŊgime castriste nīŋŊa pas hīŋŊsitīŋŊ īŋŊ armer les ouvriers et les paysans, īŋŊ les constituer en milices.

Et ainsi, Cuba, petite īŋŊle de six millions dīŋŊhabitants, toute proche des cīŋŊtes des īŋŊtats-Unis, a effectivement rīŋŊsistīŋŊ īŋŊ toutes les pressions et īŋŊ tous les assauts de līŋŊimpīŋŊrialisme.

Les īŋŊtats-Unis nīŋŊavaient pourtant pas līŋŊintention de tolīŋŊrer īŋŊ leur porte, īŋŊ leur nez et īŋŊ leur barbe, un rīŋŊgime qui a expropriīŋŊ et nationalisīŋŊ toutes les entreprises amīŋŊricaines sur son territoire, sīŋŊest liīŋŊ īŋŊ līŋŊURSS et se dīŋŊclare communiste.

Mais les īŋŊtats-Unis nīŋŊont pu trouver īŋŊ līŋŊintīŋŊrieur mīŋŊme de Cuba la force organisīŋŊe quīŋŊils ont trouvīŋŊe ailleurs chaque fois quīŋŊils ont voulu intervenir dans un pays. Et la perspective de se heurter īŋŊ tout un peuple en armes a suffi pour les empīŋŊcher de tenter une intervention militaire de līŋŊextīŋŊrieur. Ainsi, alors que la situation de Cuba semblait bien pire gīŋŊographiquement et politiquement que celle de la plupart des autres pays oīŋŊ līŋŊimpīŋŊrialisme amīŋŊricain sīŋŊest permis dīŋŊintervenir, līŋŊ il nīŋŊa finalement pas osīŋŊ.

Le respect de la līŋŊgalitīŋŊ par la gauche peut-il arrīŋŊter la rīŋŊaction ?

Est-ce parce quīŋŊAllende nīŋŊavait pas la majoritīŋŊ absolue quīŋŊil a īŋŊtīŋŊ renversīŋŊ par līŋŊarmīŋŊe ?

Si tel īŋŊtait le cas il y a trois ans quīŋŊAllende aurait īŋŊtīŋŊ renversīŋŊ par līŋŊarmīŋŊe, le jour oīŋŊ il arriva en tīŋŊte des īŋŊlections prīŋŊsidentielles avec 36,3 % des suffrages seulement contre 34,98 % au candidat de droite Jorge Alessandri et 27,84 % au candidat dīŋŊmocrate-chrīŋŊtien Radomiro Tomic. DīŋŊailleurs, la constitution chilienne prīŋŊvoit dans ce cas que līŋŊīŋŊlection est soumise īŋŊ ratification par le Parlement. Or au sein de celui-ci, la DīŋŊmocratie ChrīŋŊtienne apporta ses voix īŋŊ Allende qui fut donc īŋŊlu tout īŋŊ fait rīŋŊguliīŋŊrement.

Et si cīŋŊīŋŊtait une question de pourcentage des voix, līŋŊarmīŋŊe aurait dīŋŊ hīŋŊsiter encore davantage ces derniers mois puisque le 4 mars dernier, lors des īŋŊlections līŋŊgislatives, IīŋŊUnitīŋŊ Populaire avait obtenu 43,9 % des voix et avait donc amīŋŊliorīŋŊ son assise īŋŊlectorale de plus de 7 % depuis les prīŋŊsidentielles.

Pourtant LīŋŊHumanitīŋŊ (30.6.73) elle-mīŋŊme doit īŋŊcrire : īŋŊ CīŋŊest dīŋŊailleurs depuis les īŋŊlections līŋŊgislatives de mars dernier - marquīŋŊes par une progression spectaculaire de līŋŊUnitīŋŊ Populaire (de 36 % īŋŊ 44 %) - que les faux dīŋŊmocrates de tout acabit se sont engagīŋŊs, ouvertement, dans la voie de la sīŋŊdition īŋŊ.

En fait le pourcentage des voix recueillies par Allende nīŋŊavait aucune espīŋŊce dīŋŊimportance pour līŋŊarmīŋŊe. Allende et līŋŊUnitīŋŊ Populaire auraient-ils recueilli plus de 50 % des voix, 60 ou 70 % mīŋŊme, que cela nīŋŊaurait en rien arrīŋŊtīŋŊ les gīŋŊnīŋŊraux. LīŋŊarmīŋŊe et la police sont faites pour permettre īŋŊ la bourgeoisie avec quelques dizaines de milliers dīŋŊhommes (cīŋŊest īŋŊ-dire avec des forces numīŋŊriquement infimes par rapport īŋŊ nīŋŊimporte quelle majoritīŋŊ īŋŊlectorale, mīŋŊme relative comme celle dīŋŊAllende), parce quīŋŊils sont armīŋŊs et organisīŋŊs, de dicter sa loi īŋŊ des millions dīŋŊautres qui ne le sont pas. CīŋŊest mīŋŊme fondamentalement leur rīŋŊle et leur raison dīŋŊīŋŊtre, sinon pourquoi la bourgeoisie entretiendrait-elle īŋŊ grands frais une armīŋŊe et une police ?

La dīŋŊmocratie est un luxe dont la bourgeoisie se passe lorsque les circonstances līŋŊexigent, de son point de vue.

Les dirigeants politiques des pays dīŋŊmocratiques sont-ils attachīŋŊs īŋŊ la līŋŊgalitīŋŊ ?

Ce nīŋŊest pas līŋŊattachement imbīŋŊcile īŋŊ la līŋŊgalitīŋŊ qui trace les limites de līŋŊaction des hommes politiques bourgeois, et pas plus ceux de gauche que ceux de droite. CīŋŊest la conscience des intīŋŊrīŋŊts des classes quīŋŊils reprīŋŊsentent et quīŋŊils dīŋŊfendent.

Ceux de droite nīŋŊont aucun scrupule īŋŊ faire appel īŋŊ līŋŊarmīŋŊe et īŋŊ la police, contre la constitution līŋŊgale : les conservateurs et les dīŋŊmocrates-chrīŋŊtiens qui ont appuyīŋŊ la junte au Chili viennent de le dīŋŊmontrer une nouvelle fois ; de Gaulle qui sīŋŊaida de la rīŋŊvolte des pieds-noirs et de līŋŊarmīŋŊe dīŋŊAlgīŋŊrie pour venir au pouvoir, en est un autre exemple.

Quant īŋŊ ceux de gauche, sīŋŊils se veulent gīŋŊnīŋŊralement plus respectueux de la līŋŊgalitīŋŊ, comme apparut Allende par exemple, cīŋŊest parce que cette līŋŊgalitīŋŊ est pour eux un instrument essentiel pour tenir et retenir les masses travailleuses sur lesquelles ils sīŋŊappuient īŋŊlectoralement. Que ces masses tentent malgrīŋŊ tout dīŋŊaller plus loin quīŋŊils ne veulent le permettre et ils savent fort bien eux aussi, sans se prīŋŊoccuper de la līŋŊgalitīŋŊ, faire alors donner contre elles la force brutale de līŋŊarmīŋŊe et de la police.

Allende lui-mīŋŊme a su modifier la loi lorsquīŋŊil a estimīŋŊ que cīŋŊīŋŊtait de līŋŊintīŋŊrīŋŊt gīŋŊnīŋŊral de la bourgeoisie de le faire : īŋŊ propos des nationalisations ou de la rīŋŊforme agraire par exemple. NīŋŊimporte quel homme politique bourgeois est capable de faire cela. Avant lui, le dīŋŊmocrate-chrīŋŊtien Frei līŋŊavait fait aussi.

Si Allende, en revanche, ne sīŋŊest pas attaquīŋŊ īŋŊ līŋŊarmīŋŊe et īŋŊ la police, sīŋŊil a voulu respecter īŋŊ la lettre la constitution actuelle du Chili, cīŋŊest par conscience et choix politiques, et non par scrupules de justice. CīŋŊest parce quīŋŊil estimait quīŋŊil īŋŊtait vital pour les intīŋŊrīŋŊts gīŋŊnīŋŊraux de la bourgeoisie de les conserver intactes.

Peut-on compter sur la bonne volontīŋŊ de la bourgeoisie ?

Toute līŋŊhistoire des siīŋŊcles et des dīŋŊcennies passīŋŊs comme līŋŊexemple actuel du Chili le prouve : lorsquīŋŊelle estime que ses intīŋŊrīŋŊts līŋŊexigent la bourgeoisie est prīŋŊte īŋŊ faire tuer et massacrer des milliers sinon des millions dīŋŊhommes. Pour dīŋŊfendre ses intīŋŊrīŋŊts elle a īŋŊtīŋŊ capable de dīŋŊclencher et de mener deux guerres mondiales qui ont fait des dizaines de millions de victimes. Pour dīŋŊfendre ses intīŋŊrīŋŊts elle a toujours īŋŊtīŋŊ prīŋŊte īŋŊ dīŋŊclencher la guerre civile, en GrīŋŊce, en Espagne, en IndonīŋŊsie, etc.

Compter sur la bonne volontīŋŊ dīŋŊune telle classe, compter quīŋŊelle sīŋŊinclinera devant le jeu dīŋŊmocratique au cas oīŋŊ il lui serait dīŋŊfavorable, voilīŋŊ la vīŋŊritable utopie, līŋŊinvraisemblable cīŋŊcitīŋŊ qui ne peut que prīŋŊparer dīŋŊautres dīŋŊsillusions et dīŋŊautres massacres.

Quelles garanties les travailleurs franīŋŊais doivent-ils rechercher ?

Contre līŋŊarmīŋŊe bourgeoise, contre la caste des officiers et līŋŊīŋŊtat-major, il nīŋŊy a pas de garantie possible.

LīŋŊexistence du contingent, ligotīŋŊ, bīŋŊillonnīŋŊ, soumis au sein de līŋŊarmīŋŊe nīŋŊen est une en aucune faīŋŊon.

Les travailleurs ne seront garantis contre un mauvais coup de la part de līŋŊarmīŋŊe et de la police, que si elles sont mises hors dīŋŊīŋŊtat de nuire, cīŋŊest īŋŊ-dire dissoutes et dīŋŊsarmīŋŊes. Sinon līŋŊarmīŋŊe restera comme une īŋŊpīŋŊe de DamoclīŋŊs suspendue au-dessus de la tīŋŊte de tout gouvernement de gauche et īŋŊ plus forte raison de tout pouvoir ouvrier.

Et dīŋŊsarmer līŋŊarmīŋŊe cela veut dire que les armes doivent passer aux mains des travailleurs. LīŋŊarmement de la classe ouvriīŋŊre, gage rīŋŊel du pouvoir des travailleurs, voilīŋŊ le premier point fondamental dīŋŊune politique au service des travailleurs. Sans ce point-līŋŊ, tous les programmes de gauche, tous les programmes socialistes, dont la rīŋŊalisation peut īŋŊtre remise en cause īŋŊ tout moment par une intervention de līŋŊarmīŋŊe, ne sont quīŋŊillusion et poudre aux yeux.

La gauche est-elle dīŋŊsarmīŋŊe devant la crise īŋŊconomique ?

Allende est-il responsable de la crise īŋŊconomique qui existe au Chili ?

Le paradoxe est que les classes possīŋŊdantes pour qui la crise est īŋŊ la fois prīŋŊtexte et raison īŋŊ se dīŋŊbarrasser dīŋŊAllende et de la gauche sont les principales responsables de cette crise. Ce sont les īŋŊtats-Unis en instaurant le blocus financier du Chili et les bourgeois chiliens en exportant massivement leurs capitaux qui sont responsables de la crise financiīŋŊre et de līŋŊaccroissement īŋŊnorme de līŋŊinflation. Ce sont les grands propriīŋŊtaires terriens qui en abattant leur bīŋŊtail, en līŋŊexportant en Argentine ou en refusant aux paysans leur matīŋŊriel agricole sont responsables de la pīŋŊnurie dīŋŊun certain nombre de produits agricoles.

Oui, Allende a īŋŊtīŋŊ renversīŋŊ parce que le gouvernement dīŋŊUnitīŋŊ Populaire sīŋŊīŋŊtait montrīŋŊ incapable de venir īŋŊ bout de la crise, et que du coup la bourgeoisie chilienne a cherchīŋŊ une autre solution politique. Mais cīŋŊest īŋŊ cause mīŋŊme de cette crise que la gauche chilienne īŋŊtait venue au pouvoir. CīŋŊest dans un Chili qui connaissait dīŋŊjīŋŊ īŋŊ la fois līŋŊinflation (plus de 30 % de hausse des prix par an) et līŋŊagitation sociale (grīŋŊves, occupations de terres, mouvements īŋŊtudiants) que līŋŊUnitīŋŊ Populaire a remportīŋŊ une victoire īŋŊlectorale. CīŋŊest īŋŊ cause de cette crise que les classes possīŋŊdantes līŋŊont acceptīŋŊe un moment au pouvoir dans līŋŊespoir quīŋŊun gouvernement de gauche jouissant de la confiance des masses ouvriīŋŊres et paysannes viendrait īŋŊ bout plus facilement de līŋŊagitation.

Le problīŋŊme nīŋŊest donc pas pour la gauche de pleurer sur les difficultīŋŊs crīŋŊīŋŊes par la crise mais de savoir pourquoi elle nīŋŊa pas īŋŊtīŋŊ capable dīŋŊy apporter une solution... et quelle aurait pu īŋŊtre cette solution.

Allende a-t-il īŋŊtīŋŊ renversīŋŊ īŋŊ cause de la crise īŋŊconomique ?

La crise īŋŊconomique et, avec celle-ci, la crise sociale et politique ont effectivement īŋŊtīŋŊ la cause du renversement dīŋŊAllende. De deux maniīŋŊres : dīŋŊune part elles fournissaient īŋŊ līŋŊextrīŋŊme droite et īŋŊ la rīŋŊaction militaire un appui dans līŋŊopinion petite-bourgeoise ; dīŋŊautre part elles amenaient les classes possīŋŊdantes īŋŊ se rallier īŋŊ la solution des militaires et de līŋŊextrīŋŊme droite et īŋŊ se dīŋŊbarrasser dīŋŊun gouvernement dont la gestion īŋŊconomique sīŋŊavīŋŊrait dīŋŊsastreuse et qui se rīŋŊvīŋŊlait de plus en plus incapable dīŋŊassurer līŋŊordre. Pour la droite, il va sans dire que la crise īŋŊconomique quīŋŊelle reproche īŋŊ Allende nīŋŊest quīŋŊun prīŋŊtexte, et surtout līŋŊoccasion dīŋŊappliquer sa politique de toujours de faire une saignīŋŊe dans la gauche et le mouvement ouvrier.

Mais comme toujours la bourgeoisie nīŋŊa quīŋŊingratitude pour la gauche quīŋŊelle a tolīŋŊrīŋŊe au pouvoir pendant un certain temps dans līŋŊespoir quīŋŊelle pourrait mieux que la droite juguler la crise financiīŋŊre et sociale.

Dans le mīŋŊme temps oīŋŊ elle demandait īŋŊ Allende au gouvernement de trouver des solutions, elle lui crīŋŊait les pires difficultīŋŊs en mettant tout ce quīŋŊelle pouvait de ses capitaux et de ses biens hors du Chili. Et quand, en partie au moins īŋŊ cause de cette attitude, la crise sīŋŊest encore aggravīŋŊe elle sīŋŊest appuyīŋŊe sur cette aggravation pour liquider, en mīŋŊme temps que le mouvement ouvrier, Allende lui-mīŋŊme.

Quelle a īŋŊtīŋŊ la politique dīŋŊAllende face īŋŊ cette crise ?

Pour lutter contre la crise īŋŊconomique et financiīŋŊre Allende a utilisīŋŊ tous les diffīŋŊrents moyens et expīŋŊdients dont peut user nīŋŊimporte quel gouvernement bourgeois en pareil cas : contrīŋŊle des changes, contrīŋŊle du commerce extīŋŊrieur, rationnement, rīŋŊquisitions.

Mais de mīŋŊme quīŋŊil a īŋŊtīŋŊ respectueux de līŋŊīŋŊtat, des fonctionnaires, des magistrats, de la police et de līŋŊarmīŋŊe, il sīŋŊest inclinīŋŊ respectueusement devant la rīŋŊgle sainte de la bourgeoisie du secret commercial et du secret bancaire. Il nīŋŊa pas fait mine une seule fois dīŋŊappeler ouvriers et employīŋŊs īŋŊ assurer rīŋŊellement les contrīŋŊles que son gouvernement instaurait en thīŋŊorie.

De mīŋŊme dīŋŊailleurs quīŋŊil sīŋŊest bien gardīŋŊ dīŋŊappeler les paysans īŋŊ sīŋŊemparer du bīŋŊtail et des machines appartenant aux grands propriīŋŊtaires et dont ils auraient eu absolument besoin pour mettre en valeur la terre qui leur īŋŊtait remise par la rīŋŊforme agraire.

Quand il a lancīŋŊ des appels ce fut au contraire pour inciter les ouvriers īŋŊ ne pas multiplier les occupations dīŋŊusines non prīŋŊvues au programme de līŋŊUnitīŋŊ Populaire et les paysans īŋŊ ne pas prīŋŊcipiter la rīŋŊforme agraire ou īŋŊ ne pas aller plus loin dans le partage des terres ou des biens des grands propriīŋŊtaires que la loi ne le prīŋŊvoyait.

Et ainsi les capitalistes purent exporter tranquillement leurs capitaux et les propriīŋŊtaires fonciers saboter les effets possibles de la rīŋŊforme agraire en gardant, outre 80 hectares, bīŋŊtail et machines agricoles, ce qui eut pour effet dīŋŊaccentuer līŋŊinflation et les difficultīŋŊs du ravitaillement. Et les contrīŋŊles, le rationnement, les rīŋŊquisitions, assurīŋŊs par les seuls fonctionnaires et donc bien inefficaces sur le fond, nīŋŊeurent dīŋŊautres rīŋŊsultats que dīŋŊaccentuer līŋŊhostilitīŋŊ de la petite bourgeoisie.

Les puissances dīŋŊargent pourraient-elles en France paralyser līŋŊUnion de la Gauche ?

Comme ce fut le cas pour le Front Populaire en 1936, comme ce fut le cas pour Allende et līŋŊUnitīŋŊ Populaire au Chili, ce nīŋŊest guīŋŊre quīŋŊen pīŋŊriode de crise que la gauche a des chances de parvenir au pouvoir.

Expliquer alors que contre la crise īŋŊconomique la gauche ne peut rien cīŋŊest dīŋŊavance expliquer que son passage au gouvernement ne peut īŋŊtre quīŋŊun īŋŊchec.

Actuellement dīŋŊjīŋŊ, sans quīŋŊil y ait de raisons autres que la volontīŋŊ de certains capitalistes de spīŋŊculer sur les monnaies, le franc, comme les autres monnaies occidentales dīŋŊailleurs, est rīŋŊguliīŋŊrement mis en pīŋŊril par des mouvements de capitaux. Ainsi, īŋŊ līŋŊheure oīŋŊ nous īŋŊcrivons, on parle dīŋŊune possible dīŋŊvaluation du franc. Au lendemain des īŋŊvīŋŊnements de mai-juin 1968 de Gaulle lui-mīŋŊme dut faire face īŋŊ une telle situation. Et en 1969, pour cette mīŋŊme raison, Pompidou dut dīŋŊjīŋŊ procīŋŊder īŋŊ une dīŋŊvaluation.

QuīŋŊest-ce que cela pourrait donc īŋŊtre si līŋŊensemble des possesseurs de capitaux jouaient ensemble contre le franc en exportant leurs capitaux, soit pour crīŋŊer des difficultīŋŊs īŋŊ un gouvernement dont ils dīŋŊsapprouveraient la politique, soit par simple mīŋŊfiance dans līŋŊavenir de cette politique ? La France nīŋŊest certes pas īŋŊ līŋŊabri dīŋŊune īŋŊventuelle crise financiīŋŊre comme celle que connaīŋŊt le Chili.

DīŋŊailleurs il y a un prīŋŊcīŋŊdent. Le gouvernement de Front Populaire de LīŋŊon Blum a eu affaire avec les mīŋŊmes difficultīŋŊs et la mīŋŊme attitude des possesseurs de capitaux. Ce fut une des principales causes de līŋŊīŋŊchec du Front Populaire.

Quelle politique permettrait īŋŊ la Gauche dīŋŊy rīŋŊpondre ?

Pour empīŋŊcher la spīŋŊculation contre le franc ou les exportations de capitaux il ne suffirait certainement pas dīŋŊinstaurer le contrīŋŊle des changes. Il faut se donner les moyens que ce contrīŋŊle soit effectif. CīŋŊest īŋŊ-dire sīŋŊassurer que les capitaux ne passent pas malgrīŋŊ tout īŋŊ travers les frontiīŋŊres, comme ils le font en gīŋŊnīŋŊral dans pareil cas par la fraude ou les opīŋŊrations fictives commerciales.

Ces moyens il nīŋŊy a pas trente-six maniīŋŊres de se les donner. La seule cīŋŊest de demander īŋŊ tous les travailleurs de contrīŋŊler les comptes des industriels et des capitalistes. Il faudrait lever le secret commercial et le secret bancaire, instaurer le contrīŋŊle de tous les livres de comptes et de tous les comptes bancaires, surveiller toutes les opīŋŊrations financiīŋŊres. La classe ouvriīŋŊre tout entiīŋŊre, līŋŊensemble des travailleurs, ouvriers et employīŋŊs des usines et des banques, peuvent le faire. Mais il nīŋŊy a quīŋŊeux.

Quelle serait la politique de Mitterrand ?

Exactement celle dīŋŊAllende. Il suffit de lire le paragraphe consacrīŋŊ īŋŊ ce sujet dans le programme commun de gouvernement du PC, du PS et des radicaux de gauche pour sīŋŊen convaincre.

īŋŊ Le gouvernement prendra, dīŋŊs le dīŋŊpart, des mesures rigoureuses en sīŋŊappuyant sur le secteur nationalisīŋŊ (et en premier lieu le secteur bancaire), en mettant en place un contrīŋŊle des changes renforcīŋŊ. La spīŋŊculation contre la monnaie constituera un dīŋŊlit dīŋŊfini par la loi. īŋŊ

Pas question donc de faire appel aux travailleurs pour que ce contrīŋŊle dont parle le programme commun soit quelque chose dīŋŊeffectif. Pas question dīŋŊen finir avec le secret commercial et le secret bancaire. Mitterrand et līŋŊUnion de la Gauche entendent lutter contre līŋŊīŋŊventuel īŋŊ mur dīŋŊargent īŋŊ, contre lequel le Front Populaire sīŋŊest dīŋŊjīŋŊ brisīŋŊ, avec les seules armes quīŋŊemploie nīŋŊimporte quel gouvernement bourgeois. CīŋŊest dire quīŋŊils admettent dīŋŊavance de ne pas īŋŊtre plus efficaces que Giscard... alors quīŋŊils savent fort bien et disent eux-mīŋŊmes quīŋŊils risquent dīŋŊīŋŊtre en butte īŋŊ des difficultīŋŊs encore plus grandes, parce quīŋŊils sont la gauche et parce que cette gauche a toutes les chances dīŋŊarriver au pouvoir en pīŋŊriode de crise.

Les classes moyennes sont-elles forcīŋŊment du cīŋŊtīŋŊ de la droite ?

LīŋŊenjeu īŋŊtait-il de gagner les classes moyennes ?

LīŋŊHumanitīŋŊ du 9.9.73, reprenant les thīŋŊses du Parti Communiste Chilien, īŋŊcrivait : īŋŊ LīŋŊUnitīŋŊ Populaire doit conquīŋŊrir la majoritīŋŊ, la classe ouvriīŋŊre doit gagner des alliīŋŊs. īŋŊ īŋŊ Ce serait une erreur, disent encore les communistes, de croire que la classe ouvriīŋŊre seule peut rīŋŊsoudre le problīŋŊme de la rīŋŊvolution chilienne, mīŋŊme si elle a īŋŊtīŋŊ le moteur de la victoire de līŋŊUnitīŋŊ Populaire et si elle reste le facteur dīŋŊcisif de līŋŊīŋŊchec des tentatives rīŋŊpīŋŊtīŋŊes de coup dīŋŊīŋŊtat. īŋŊ

Effectivement la classe ouvriīŋŊre, qui est minoritaire au Chili comme pratiquement dans tous les pays, mīŋŊme les plus industrialisīŋŊs, doit, pour acquīŋŊrir ou conserver le pouvoir, trouver des alliīŋŊs dans les autres couches sociales, la paysannerie et aussi la petite bourgeoisie urbaine, ou du moins les neutraliser, afin dīŋŊempīŋŊcher quīŋŊelles servent de troupes īŋŊ la rīŋŊaction.

Est-ce que la politique de līŋŊUnitīŋŊ Populaire a permis de gagner les classes moyennes ?

Au fur et īŋŊ mesure que le temps passait les couches moyennes urbaines (boutiquiers, petits et moyens entrepreneurs, mīŋŊdecins, membres des professions libīŋŊrales, etc.) sīŋŊīŋŊloignaient encore de līŋŊUnitīŋŊ Populaire et du gouvernement Allende et sīŋŊy opposaient de plus en plus.

Il est possible et mīŋŊme certain que les grīŋŊves des commerīŋŊants, des mīŋŊdecins et surtout des camionneurs aient īŋŊtīŋŊ attisīŋŊes, utilisīŋŊes et mīŋŊme dirigīŋŊes par la droite dans sa lutte contre le gouvernement de gauche. Mais les raisons du mīŋŊcontentement des petits-bourgeois sont īŋŊ chercher ailleurs. Ce sont les difficultīŋŊs īŋŊconomiques, difficultīŋŊs du ravitaillement, rationnement, inflation galopante, qui en furent la cause, qui ont dressīŋŊ les petits-bourgeois contre le gouvernement Allende.

Leur irritation fut dīŋŊautant plus grande que pour faire face īŋŊ ces difficultīŋŊs croissantes, le gouvernement multiplia les contrīŋŊles et les rīŋŊquisitions qui tombīŋŊrent essentiellement sur ces couches moyennes, sans pour cela dīŋŊailleurs amīŋŊliorer la situation īŋŊconomique. CīŋŊest en effet aux grands capitalistes qui exportaient leurs capitaux ou aux grands propriīŋŊtaires terriens qui sabotaient la rīŋŊforme agraire ou ses effets quīŋŊil aurait fallu sīŋŊattaquer.

Mais la politique du gouvernement Allende a abouti īŋŊ laisser ceux-līŋŊ en toute impunitīŋŊ tout en leur fournissant des troupes contre lui-mīŋŊme en se rīŋŊvīŋŊlant incapable de porter remīŋŊde īŋŊ la crise et en multipliant les tracasseries contre la petite bourgeoisie.

Quelle autre politique aurait permis de gagner ces couches moyennes ?

La politique inverse de celle dīŋŊAllende, une politique qui en sīŋŊattaquant rīŋŊsolument aux capitalistes et aux grands propriīŋŊtaires fonciers aurait permis de rīŋŊduire līŋŊampleur de la crise sinon de līŋŊempīŋŊcher tout īŋŊ fait.

Il aurait fallu faire une rīŋŊforme agraire radicale, qui remette aux paysans non seulement la totalitīŋŊ des terres des grands domaines mais īŋŊgalement le bīŋŊtail et les machines sans lesquelles il nīŋŊy a guīŋŊre aujourdīŋŊhui dīŋŊagriculture moderne possible. īŋŊ ce compte-līŋŊ dīŋŊabord la couche des grands propriīŋŊtaires aurait īŋŊtīŋŊ radicalement extirpīŋŊe des campagnes, oīŋŊ elle constituait une base contre-rīŋŊvolutionnaire en organisant et armant de vīŋŊritables troupes privīŋŊes pour sīŋŊopposer aux paysans. Et, de plus, la rīŋŊforme agraire aurait pu effectivement aboutir īŋŊ une augmentation de la production agricole. Ainsi une des sources des difficultīŋŊs du ravitaillement aurait īŋŊtīŋŊ supprimīŋŊe.

De mīŋŊme il aurait fallu mettre sous le contrīŋŊle absolu des travailleurs, ouvriers et employīŋŊs, les livres de comptes des capitalistes et leur compte en banque.

CīŋŊīŋŊtait la seule maniīŋŊre dīŋŊempīŋŊcher la fuite des capitaux, une des sources des difficultīŋŊs financiīŋŊres du rīŋŊgime Allende.

Certes dīŋŊs le dīŋŊpart la petite bourgeoisie nīŋŊīŋŊtait pas favorable, en majoritīŋŊ, īŋŊ la gauche et īŋŊ līŋŊUnitīŋŊ Populaire. Une partie de ces petits-bourgeois, en particulier ceux des couches supīŋŊrieures, touchant aux capitalistes proprement dits, ne pouvaient sans doute pas īŋŊtre gagnīŋŊs. Mais certains le pouvaient. īŋŊ condition que la gauche montre quīŋŊelle īŋŊtait rīŋŊsolue īŋŊ surmonter la crise en sīŋŊattaquant sans faiblesse aux trusts, īŋŊ la grande bourgeoisie et non en trouvant des palliatifs inefficaces, qui ne gīŋŊnaient que la petite bourgeoisie alors que celle ci, aprīŋŊs le prolīŋŊtariat, īŋŊtait īŋŊvidemment la couche sociale la plus touchīŋŊe par la crise.

Est-ce que ce sont les gauchistes qui ont provoquīŋŊ līŋŊhostilitīŋŊ des classes moyennes ?

CīŋŊest la thīŋŊse de Fajon, du PC et de toute la gauche. Les classes moyennes auraient īŋŊtīŋŊ effrayīŋŊes par les excīŋŊs provoquīŋŊs par les gauchistes (occupations dīŋŊusines non prīŋŊvues par le programme des nationalisations, des terres qui tardaient īŋŊ īŋŊtre touchīŋŊes par la rīŋŊforme agraire, consignes de dīŋŊsobīŋŊissance lancīŋŊes aux soldats, etc.)

En fait ce qui a dressīŋŊ les classes moyennes en grande partie contre le rīŋŊgime de līŋŊUnitīŋŊ Populaire ce sont les difficultīŋŊs īŋŊconomiques. Or dans celles-ci les gauchistes nīŋŊont rien īŋŊ voir. Ils ne sont pas responsables de -līŋŊinflation qui a atteint finalement 340 % entre juillet 72 et juillet 73. CīŋŊīŋŊtait le gouvernement et personne dīŋŊautre qui pouvait faire marcher la planche īŋŊ billets.

DīŋŊailleurs les grīŋŊves des camionneurs, des commerīŋŊants ou des professions libīŋŊrales ont īŋŊclatīŋŊ īŋŊ propos des problīŋŊmes īŋŊconomiques et nullement īŋŊ propos des occupations dīŋŊusines, de terres ou des problīŋŊmes des soldats.

En fait ce nīŋŊest pas une action dure et radicale qui fait peur aux classes moyennes. La preuve cīŋŊest quīŋŊelles peuvent īŋŊtre gagnīŋŊes, quand la gauche nīŋŊy prend pas garde, īŋŊ la politique de līŋŊextrīŋŊme droite qui nīŋŊhīŋŊsite pas elle īŋŊ employer les mīŋŊthodes terroristes. NīŋŊest-il pas paradoxal dīŋŊexpliquer que les ouvriers, en employant līŋŊarme de la grīŋŊve, ont fait peur aux petits-bourgeois qui se sont prīŋŊcipitīŋŊs dans les bras de līŋŊextrīŋŊme droite... qui les appelait īŋŊ faire grīŋŊve eux-mīŋŊmes ?

Ce nīŋŊest pas le īŋŊ gauchisme īŋŊ qui a fait peur aux classes moyennes chiliennes, cīŋŊest līŋŊabsence de politique radicale, īŋŊ gauchiste īŋŊ, de līŋŊUnitīŋŊ Populaire contre les grands capitalistes et līŋŊīŋŊtat bourgeois, qui sont les ennemis des petits-bourgeois aussi bien que du prolīŋŊtariat, qui nīŋŊa pas permis de les gagner. La petite bourgeoisie ne peut se rallier īŋŊ la gauche et aux travailleurs que si ceux-ci lui offrent une perspective. Sinon la pente naturelle, inīŋŊvitablement, les entraīŋŊne effectivement vers līŋŊextrīŋŊme droite.

Et une gauche qui ne sīŋŊattaque pas īŋŊ līŋŊīŋŊtat bourgeois, qui laisse en place les mīŋŊmes fonctionnaires, les mīŋŊmes agents du fisc qui les grīŋŊvent dīŋŊimpīŋŊts, les mīŋŊmes policiers qui sīŋŊattaquent īŋŊ leurs manifestations, nīŋŊa aucune chance dīŋŊattirer artisans, commerīŋŊants, petits-bourgeois divers. Si līŋŊīŋŊtat est le mīŋŊme et a le mīŋŊme poids pour eux avec la gauche quīŋŊavec la droite, alors oui il y a toutes les chances quīŋŊils glissent du cīŋŊtīŋŊ de līŋŊextrīŋŊme droite et des fascistes.

LīŋŊaffirmation selon laquelle īŋŊ il ne faut pas effrayer la petite bourgeoisie īŋŊ, que līŋŊon lit souvent sous la plume des dirigeants du Parti Communiste FranīŋŊais et de līŋŊUnion de la Gauche ne fait que traduire leur volontīŋŊ de ne pas īŋŊ effrayer īŋŊ la grande bourgeoisie dont ils aspirent īŋŊ gīŋŊrer les affaires.

Face īŋŊ la droite et aux militaires la seule chance de la gauche nīŋŊest-elle pas dans son unitīŋŊ īŋŊ tout prix ?

Allende est il un martyr du socialisme ?

CīŋŊest ainsi que toute la gauche nous le prīŋŊsente. De la part du PS et du PC ce nīŋŊest pas īŋŊtonnant. Mais une partie de līŋŊextrīŋŊme gauche participe maintenant īŋŊ la mystification. Sous le prīŋŊtexte que toute la gauche chilienne sans distinction est en butte īŋŊ la rīŋŊpression fīŋŊroce de la junte, il ne serait plus līŋŊheure de comprendre, dīŋŊanalyser et de se dīŋŊmarquer mais de soutenir sans critique. Comme si le fait dīŋŊavoir livrīŋŊ sans armes et sans organisation les travailleurs, les paysans et les militants de gauche chiliens au massacre absolvait tout.

Certes nous dīŋŊfendons tous ceux qui sont en butte īŋŊ la rīŋŊpression. Nous avons la mīŋŊme solidaritīŋŊ face īŋŊ la junte militaire pour les intellectuels que pour les ouvriers chiliens, pour les libīŋŊraux bourgeois que pour les militants du PC ou du PS chiliens, ou que pour les trotskystes. Mais cette solidaritīŋŊ face īŋŊ la soldatesque ne doit pas nous empīŋŊcher de comprendre et rechercher quelle politique fut celle des uns et des autres et en particulier des dirigeants de līŋŊUnitīŋŊ Populaire et dīŋŊAllende lui-mīŋŊme.

Par sa politique fondamentale,- souci de prīŋŊserver īŋŊ tout prix līŋŊīŋŊtat bourgeois, refus de faire appel īŋŊ līŋŊinitiative rīŋŊvolutionnaire des travailleurs -, Allende īŋŊtait un homme politique bourgeois. Sa politique fut simplement līŋŊune des politiques possibles de la bourgeoisie dans le contexte du Chili. Il y en avait dīŋŊautres, celle de la junte militaire par exemple, qui exigeait le massacre prīŋŊalable de la gauche et du mouvement ouvrier, et īŋŊventuellement mīŋŊme si līŋŊon ne pouvait faire autrement la mort dīŋŊAllende.

īŋŊ celui-ci la junte aurait dīŋŊabord offert un avion pour partir īŋŊ līŋŊīŋŊtranger, ce quīŋŊil aurait refusīŋŊ si nous en croyons le rīŋŊcit dīŋŊune de ses filles qui fut avec lui au palais prīŋŊsidentiel jusquīŋŊau tout dernier moment. La mort dīŋŊAllende en combattant les armes īŋŊ la main, comme cela semble donc īŋŊtre le cas, prouve sans doute son courage personnel et sa fidīŋŊlitīŋŊ īŋŊ sa politique. Elle prouve mīŋŊme que pour donner plus de poids īŋŊ cette politique aux yeux des masses et de līŋŊopinion, cīŋŊest īŋŊ-dire finalement y enchaīŋŊner encore davantage les travailleurs chiliens, il a īŋŊtīŋŊ jusquīŋŊīŋŊ sacrifier sa vie. Cela ne prouve pas que cette politique īŋŊtait une politique socialiste prolīŋŊtarienne. Et cela ne fait dīŋŊAllende quīŋŊun martyr de gauche au service de la bourgeoisie, mais pas un martyr du socialisme.

Mitterrand pourrait-il un jour īŋŊtre fusillīŋŊ par la bourgeoisie ?

Mitterrand est exactement le mīŋŊme type dīŋŊhomme politique quīŋŊAllende. Dans un contexte similaire īŋŊ celui du Chili il pourrait subir exactement le mīŋŊme sort. Et nous pouvons dire dīŋŊavance que, comme Allende, il accepterait plutīŋŊt de risquer sa vie que mettre en cause les fondements mīŋŊmes de la domination de la bourgeoisie.

Les exemples de politiciens bourgeois, dīŋŊmocrates ou hommes de gauche, abattus ou fusillīŋŊs par la rīŋŊaction militaire ou līŋŊextrīŋŊme droite sont līŋŊgion dans līŋŊhistoire. Le fascisme en Italie, le nazisme en Allemagne nīŋŊīŋŊpargna nullement sociaux-dīŋŊmocrates ou libīŋŊraux bourgeois qui pourtant tous, īŋŊ des degrīŋŊs divers, avaient par leur politique contribuīŋŊ durant les annīŋŊes prīŋŊcīŋŊdentes īŋŊ sauver līŋŊordre bourgeois et empīŋŊcher la rīŋŊvolution prolīŋŊtarienne. En France mīŋŊme le rīŋŊgime de PīŋŊtain nīŋŊhīŋŊsita pas īŋŊ faire juger et jeter en prison LīŋŊon Blum qui, trois annīŋŊes plus tīŋŊt, en se comportant suivant ses propres termes īŋŊ en gīŋŊrant loyal du capitalisme īŋŊ, avait protīŋŊgīŋŊ celui-ci contre la montīŋŊe ouvriīŋŊre.

Car les dīŋŊmocrates et les hommes de gauche hīŋŊsitent et gīŋŊnīŋŊralement refusent de sīŋŊattaquer īŋŊ līŋŊextrīŋŊme droite et encore plus aux militaires dīŋŊextrīŋŊme droite parce que ceux-ci demeurent, en tous les cas, une solution de rechange possible pour la bourgeoisie. Et il est dans la politique des dīŋŊmocrates bourgeois justement de prīŋŊserver toutes les solutions politiques possibles au service de la bourgeoisie. Mais par contre, comme la politique de līŋŊextrīŋŊme droite et de la rīŋŊaction militaire est de dīŋŊtruire tout mouvement ouvrier, il leur est quasi nīŋŊcessaire de dīŋŊtruire aussi toute dīŋŊmocratie et, le plus souvent, de mettre donc les politiciens libīŋŊraux bourgeois eux-mīŋŊmes hors dīŋŊīŋŊtat de nuire.

Est-ce parce quīŋŊAllende īŋŊtait un homme de gauche que līŋŊarmīŋŊe a pris le pouvoir ?

Le fait quīŋŊAllende īŋŊtait un homme de gauche a certes facilitīŋŊ les choses pour līŋŊextrīŋŊme droite, parce quīŋŊAllende, en sīŋŊaliīŋŊnant les classes moyennes, les a dressīŋŊes contre la gauche et contre la classe ouvriīŋŊre. Et aussi, parce quīŋŊen ne donnant pas satisfaction aux travailleurs et aux paysans pauvres, depuis trois ans, sur leurs aspirations essentielles, il a en partie discrīŋŊditīŋŊ īŋŊ leurs yeux le socialisme, qui, īŋŊ travers la politique de līŋŊUnitīŋŊ Populaire, leur paraissait avoir le mīŋŊme visage que celui du rīŋŊactionnaire rīŋŊgime du dīŋŊmocrate-chrīŋŊtien Frei auquel Allende avait succīŋŊdīŋŊ : mīŋŊmes patrons, mīŋŊme police, mīŋŊmes inspecteurs des impīŋŊts, etc.

Mais il nīŋŊy a pas que les gouvernements de gauche qui peuvent īŋŊtre victimes dīŋŊun coup dīŋŊīŋŊtat militaire. LīŋŊarmīŋŊe peut trīŋŊs bien saisir de la mīŋŊme maniīŋŊre une occasion favorable quand ce nīŋŊest pas un homme de gauche qui est au pouvoir. Et dīŋŊautres politiciens bourgeois que ceux de gauche peuvent mener une politique telle, et se trouver dans une situation telle, que līŋŊarmīŋŊe ou līŋŊextrīŋŊme droite envisagent dīŋŊintervenir. Ce fut par exemple le cas en France le 6 fīŋŊvrier 1934. Plus prīŋŊs de nous, nous avons connu il y a dix ans, avec līŋŊOAS, une organisation dīŋŊextrīŋŊme droite dont les cadres īŋŊtaient constituīŋŊs par toute une fraction de līŋŊappareil dīŋŊīŋŊtat, en particulier de līŋŊarmīŋŊe, et qui essaya īŋŊ plusieurs reprises dīŋŊīŋŊliminer par la violence le pourtant dīŋŊjīŋŊ rīŋŊactionnaire de Gaulle. Une telle possibilitīŋŊ dīŋŊintervention de līŋŊextrīŋŊme droite et de līŋŊarmīŋŊe existe aussi īŋŊ līŋŊheure actuelle en Italie oīŋŊ le rīŋŊgime parlementaire, bien que dominīŋŊ par les partis de droite, est en īŋŊtat de crise permanente.

Et ce nīŋŊest pas parce quīŋŊun coup dīŋŊīŋŊtat militaire serait dirigīŋŊ contre un gouvernement de droite quīŋŊil serait moins sanglant que celui qui vient dīŋŊavoir lieu au Chili. Si Salan avait rīŋŊussi īŋŊ īŋŊliminer de Gaulle en 1962 et īŋŊ sīŋŊemparer du pouvoir, il nīŋŊest pas sīŋŊr que de Gaulle et ses amis politiques dīŋŊune part et la classe ouvriīŋŊre dīŋŊautre part ne līŋŊaient pas payīŋŊ trīŋŊs cher.

Est-ce que līŋŊarmīŋŊe reprīŋŊsente plus les intīŋŊrīŋŊts de la bourgeoisie quīŋŊAllende ne les reprīŋŊsentait ?

Les intīŋŊrīŋŊts de la bourgeoisie, non. Allende les reprīŋŊsentait tout autant que līŋŊarmīŋŊe les reprīŋŊsente. Mais ils ne reprīŋŊsentent pas la mīŋŊme politique, pas la mīŋŊme maniīŋŊre de dīŋŊfendre les intīŋŊrīŋŊts de cette bourgeoisie. Et il est mīŋŊme bien possible que la politique qui correspondait le mieux aux intīŋŊrīŋŊts de la bourgeoisie chilienne ait īŋŊtīŋŊ celle dīŋŊAllende. Mais les diffīŋŊrentes fractions politiques qui prīŋŊtendent reprīŋŊsenter les intīŋŊrīŋŊts de la bourgeoisie sont rivales et chacune saisit, quand elle le peut, līŋŊoccasion dīŋŊimposer sa politique et de se hisser au pouvoir.

La diffīŋŊrence fondamentale est que līŋŊarmīŋŊe et līŋŊextrīŋŊme droite peuvent anīŋŊantir, pour parvenir īŋŊ leur but, tous les hommes politiques de la bourgeoisie, quīŋŊils soient de gauche ou de droite, mais que ni la bourgeoisie, ni ses hommes politiques, ne peuvent anīŋŊantir līŋŊarmīŋŊe, la police, et leurs īŋŊtats-majors, sans scier la planche sur laquelle ils sont assis.

Dans le cas dīŋŊun Mitterrand au gouvernement attaquīŋŊ par līŋŊextrīŋŊme droite et līŋŊarmīŋŊe devrions-nous le dīŋŊfendre ?

Au-delīŋŊ de tout gouvernement de gauche cīŋŊest tout le mouvement ouvrier, tout le mouvement socialiste qui serait visīŋŊ et dont la destruction serait projetīŋŊe. Aucun ouvrier, aucun socialiste nīŋŊaurait donc le choix. Sous peine de mort il faudrait se dīŋŊfendre les armes īŋŊ la main. Et le faire, bien sīŋŊr, aux cīŋŊtīŋŊs de tous ceux qui seraient menacīŋŊs de mīŋŊme, y compris la gauche non rīŋŊvolutionnaire ou les libīŋŊraux bourgeois.

Comment la classe ouvriīŋŊre devrait-elle se dīŋŊfendre et dīŋŊfendre la gauche au pouvoir ?

La pire des politiques pour la classe ouvriīŋŊre serait dans ce cas-līŋŊ celle prīŋŊconisīŋŊe actuellement par la gauche et par une partie de līŋŊextrīŋŊme gauche īŋŊ propos du Chili : se ranger, politiquement et militairement, derriīŋŊre le gouvernement de gauche, sous prīŋŊtexte quīŋŊil est le premier visīŋŊ par le putsch ou le coup dīŋŊīŋŊtat.

CīŋŊest toute la politique de cette gauche qui a abouti au Chili īŋŊ mener les travailleurs sous les coups des putschistes, comme elle y aboutirait en France. Ne pas leur donner dīŋŊautres perspectives sous prīŋŊtexte que līŋŊon est devant le putsch cīŋŊest leur demander de se rallier et dīŋŊapprouver la politique dont ils sont victimes en ce moment mīŋŊme, et qui ne peut que les mener, de toute maniīŋŊre, de catastrophe en catastrophe.

Quant īŋŊ faire confiance sous des prīŋŊtextes īŋŊ militaires īŋŊ, cīŋŊest aussi absurde puisque līŋŊune des bases de la politique de cette gauche cīŋŊest justement de refuser absolument dīŋŊarmer la classe ouvriīŋŊre et les travailleurs. En 1936 en Espagne les travailleurs ne purent, dans un premier temps, faire īŋŊchec au coup dīŋŊīŋŊtat de Franco que parce que, sans tenir compte du gouvernement de Front Populaire, qui nīŋŊavait jamais envisagīŋŊ dīŋŊarmer la population, ils sīŋŊarmīŋŊrent, sīŋŊorganisīŋŊrent en milice, combattirent sans attendre ni ses ordres ni son appui.

Et la politique des partis ouvriers qui se rangīŋŊrent alors derriīŋŊre les bourgeois īŋŊ rīŋŊpublicains īŋŊ, et renoncīŋŊrent īŋŊ dīŋŊfendre les intīŋŊrīŋŊts et les revendications propres des travailleurs et des paysans au nom de īŋŊ līŋŊunitīŋŊ īŋŊ, nīŋŊaboutit quīŋŊīŋŊ dīŋŊmoraliser ceux-ci, et non īŋŊ renforcer la lutte contre les franquistes.

MīŋŊme si elle se trouve īŋŊ combattre, par la force des choses, dans le mīŋŊme camp quīŋŊun Mitterrand ou un Allende, la classe ouvriīŋŊre ne doit donc pas se ranger derriīŋŊre eux, pas leur faire confiance, mais mener sa politique et sīŋŊorganiser indīŋŊpendamment, militairement et politiquement, pour pouvoir le faire.

LīŋŊīŋŊchec dīŋŊAllende est-il līŋŊīŋŊchec du socialisme ?

Pourquoi les rīŋŊvolutionnaires sont-ils les seuls īŋŊ dīŋŊfendre vraiment les intīŋŊrīŋŊts des travailleurs ?

Les rīŋŊvolutionnaires sont les seuls īŋŊ mettre līŋŊaccent sur la nīŋŊcessitīŋŊ pour les travailleurs de briser līŋŊīŋŊtat bourgeois, de briser līŋŊarmīŋŊe et la police et de sīŋŊarmer eux-mīŋŊmes.

Or non seulement le socialisme, non seulement le pouvoir des travailleurs dans līŋŊentreprise ou sur la sociīŋŊtīŋŊ tout entiīŋŊre, mais mīŋŊme de simples rīŋŊformes dans le cadre de la sociīŋŊtīŋŊ capitaliste, ne pourraient īŋŊtre assurīŋŊs quīŋŊīŋŊ cette condition.

Les partis de gauche qui prīŋŊtendent donc vouloir les rīŋŊformes, le pouvoir des travailleurs ou mīŋŊme le socialisme, sans se fixer dīŋŊabord, et sans fixer aux travailleurs la tīŋŊche de se donner cette garantie, nīŋŊont aucune chance de se donner les moyens de rīŋŊaliser leurs prīŋŊtendus programmes. Ce qui revient īŋŊ dire quīŋŊils nīŋŊont pas la volontīŋŊ rīŋŊelle de les rīŋŊaliser.

Quelle est la diffīŋŊrence entre la gauche reprīŋŊsentīŋŊe par le PC et le PS et Lutte OuvriīŋŊre ?

Il y a diffīŋŊrence dans nos conceptions respectives du socialisme car nous nīŋŊavons certainement pas la mīŋŊme vision de celui-ci que les sociaux-dīŋŊmocrates qui parlent de socialisme īŋŊ propos de la SuīŋŊde ou les staliniens qui estiment que līŋŊURSS est un pays socialiste en marche vers le communisme. Il y a diffīŋŊrence aussi dans la question de savoir si les travailleurs ou les partis qui les reprīŋŊsentent, pourraient parvenir au pouvoir īŋŊ la suite dīŋŊune simple opīŋŊration īŋŊlectorale dans le cadre de la constitution actuelle, car nous ne pensons pas quīŋŊune constitution bourgeoise permette aux travailleurs de sīŋŊemparer du pouvoir et encore moins de le garder.

Mais la diffīŋŊrence essentielle, fondamentale, entre Lutte OuvriīŋŊre et le PS et le PC, cīŋŊest que nous disons aux travailleurs que, pour avoir le pouvoir rīŋŊel, quelle que soit la maniīŋŊre dīŋŊy parvenir, les formes quīŋŊil peut prendre, les modes dīŋŊīŋŊlection, la forme du gouvernement, ils doivent possīŋŊder la force de līŋŊassurer, cīŋŊest īŋŊ-dire possīŋŊder les armes et les retirer īŋŊ leurs ennemis, en premier lieu līŋŊarmīŋŊe et la police.

Sous un rīŋŊgime de pouvoir des travailleurs, tous les problīŋŊmes politiques, īŋŊconomiques, sociaux, culturels, depuis la forme dīŋŊune constitution ouvriīŋŊre jusquīŋŊau rythme des nationalisations, en passant par les problīŋŊmes de līŋŊīŋŊducation ou de līŋŊinformation, pourront īŋŊtre discutīŋŊs et devront īŋŊtre discutīŋŊs par līŋŊensemble des travailleurs, et leurs diffīŋŊrentes organisations. Tous les programmes sur tous les sujets pourront sīŋŊaffronter librement au sein de la classe ouvriīŋŊre. Toutes les questions pourront īŋŊtre rīŋŊsolues dīŋŊmocratiquement par līŋŊensemble des travailleurs et devront līŋŊīŋŊtre.

Mais ce que nous disons - et ce que le reste de la gauche refuse de dire - cīŋŊest quīŋŊil nīŋŊy aura de pouvoir des travailleurs que lorsquīŋŊil y aura les armes aux mains des travailleurs, et dīŋŊeux seuls.

Peut-on īŋŊtre de gauche sans īŋŊtre pour la rīŋŊvolution ?

īŋŊtre de gauche sans īŋŊtre pour la rīŋŊvolution, cīŋŊest se prīŋŊparer īŋŊ subir le destin de la gauche chilienne. Car īŋŊtre rīŋŊvolutionnaire, ce nīŋŊest pas autre chose que dīŋŊīŋŊtre consīŋŊquemment de gauche, cīŋŊest īŋŊ-dire pour le socialisme, mais en ayant bien līŋŊintention de se donner les moyens dīŋŊinstaurer et de dīŋŊfendre ce socialisme.

Sans ces moyens, les armes aux mains des travailleurs, le socialisme nīŋŊest quīŋŊune utopie. Et les victoires īŋŊventuelles des socialistes, quelles quīŋŊelles soient, ne font que prīŋŊparer de nouvelles dīŋŊsillusions, de nouvelles dīŋŊfaites et de nouveaux massacres.

LīŋŊavenir est-il au socialisme ?

Pour la gauche, le mouvement socialiste et le mouvement ouvrier, les dīŋŊfaites, comme celle du Chili aujourdīŋŊhui, ont īŋŊtīŋŊ dans la derniīŋŊre pīŋŊriode historique, bien plus nombreuses, hīŋŊlas, que les victoires. Le plus dīŋŊmoralisant peut-īŋŊtre est que les plus sanglantes de ces dīŋŊfaites furent mīŋŊme la plupart du temps sans vīŋŊritable combat, sans que les travailleurs se soient donnīŋŊ la moindre chance de triompher.

Une telle constatation peut sembler parfaitement dīŋŊsespīŋŊrante devant tant dīŋŊoccasions gīŋŊchīŋŊes. Cependant elle signifie aussi que ce nīŋŊest pas īŋŊ cause dīŋŊune faiblesse intrinsīŋŊque et sans remīŋŊde que la gauche, le socialisme et la classe ouvriīŋŊre ont īŋŊtīŋŊ vaincus jusquīŋŊici. Tous les espoirs restent permis, le jour oīŋŊ la classe ouvriīŋŊre saura se donner les moyens de mener īŋŊ bien une politique dans ses intīŋŊrīŋŊts et ceux du socialisme, qui sont exactement les mīŋŊmes.

Car les īŋŊnormes contradictions du monde contemporain - līŋŊincapacitīŋŊ des pays dits du tiers-monde, cīŋŊest īŋŊ dire les trois quarts de la population de la planīŋŊte, īŋŊ sortir du sous-dīŋŊveloppement, la crise īŋŊconomique qui, par le biais dīŋŊune crise financiīŋŊre, se fait de plus en plus menaīŋŊante sur līŋŊensemble des grands pays impīŋŊrialistes, pour ne citer que deux des principales de ces contradictions - mettent mīŋŊme le socialisme plus īŋŊ līŋŊordre du jour que jamais. La nīŋŊcessitīŋŊ dīŋŊune organisation de la sociīŋŊtīŋŊ īŋŊ līŋŊīŋŊchelle mondiale sur une nouvelle base, la suppression de la propriīŋŊtīŋŊ capitaliste et de līŋŊexploitation, est plus pressante que jamais si līŋŊon veut īŋŊviter une nouvelle conflagration īŋŊ līŋŊīŋŊchelle mondiale, qui ne pourrait īŋŊtre quīŋŊune catastrophe encore plus īŋŊnorme que les prīŋŊcīŋŊdentes.

Le problīŋŊme, le seul problīŋŊme en fait, est de savoir si, lors des prochaines luttes dīŋŊenvergure et lors des prochaines crises de la sociīŋŊtīŋŊ capitaliste - quīŋŊelles soient gīŋŊographiquement limitīŋŊes ou gīŋŊnīŋŊrales -, la classe ouvriīŋŊre saura cette fois se donner līŋŊorganisation et la politique qui peuvent la mener īŋŊ la victoire, cīŋŊest īŋŊ-dire une organisation et une politique rīŋŊvolutionnaires.

Sinon dīŋŊailleurs le Chili aprīŋŊs līŋŊEspagne, la GrīŋŊce, līŋŊIndonīŋŊsie, le BrīŋŊsil, etc., etc., nous indique clairement quelle est līŋŊautre voie qui sīŋŊoffre īŋŊ līŋŊhumanitīŋŊ : celle de la rīŋŊaction, de la dictature militaire et policiīŋŊre et du fascisme.

īŋŊ Socialisme ou barbarie īŋŊ, īŋŊcrivait Marx il y a bien longtemps dīŋŊjīŋŊ. LīŋŊexemple tout frais du Chili vient cruellement rappeler īŋŊ tous les travailleurs que ce dilemme nīŋŊa rien perdu de son actualitīŋŊ.

[1Texte original : sont issus

[2Texte original : 12 septembre


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